C’est en général lorsque l’on prévoit de faire l’intéressant en s’appuyant sur quelques vérités bien senties que l’on se fait cueillir comme un bleu… Ce second album de Laetitia Sheriff est, en la matière, un joli exemple. Révélée par le concours CQFD des Inrockuptibles, la demoiselle avait rapidement hérité de l’étiquette à la fois laudative […]
C’est en général lorsque l’on prévoit de faire l’intéressant en s’appuyant sur quelques vérités bien senties que l’on se fait cueillir comme un bleu… Ce second album de Laetitia Sheriff est, en la matière, un joli exemple. Révélée par le concours CQFD des Inrockuptibles, la demoiselle avait rapidement hérité de l’étiquette à la fois laudative et encombrante de PJ Harvey française. Autant dire qu’on s’apprêtait à accueillir "Games Over" avec une curiosité confinant presque à la cruauté, la sauvageonne du Dorset ayant réussi à marquer indélébilement les esprits avec sa sublime métamorphose sur "White Chalk".
Le premier morceau joue directement la provocation : instrumentation sobre au piano et au violon, tristesse en bandoulière, il n’en faut pas beaucoup plus pour que l’on pense à un premier avatar du dernier album de PJ Harvey. Quelques minutes plus tard, on a tendance à oublier les références évidentes et à observer, surtout, que la chanson (The Story Won’t Persist) est superbe.
Laetitia Sheriff et les deux musiciens qui l’accompagnent, Olivier Mellano et Gaël Desbois, clairement à la hauteur, placent la barre très haut, et relèvent le défi en alignant ensuite quelques chansons nerveuses et tendues, racées et élégantes. La première moitié de l’album culmine ainsi avec l’abrasif Black Dog et la mélodie sublime de Memento, Put Her In The Picture.
Après cette entame en feu d’artifice, "Games Over" se poursuit avec deux titres plus calmes, plus posés (Cosmosonic, Like Ink With The Rain), et développe une série d’ambiances inquiétantes sur une seconde partie d’album beaucoup plus audacieuse. De percussions en bruitages divers et variés, Laetitia Sheriff perturbe volontairement son style, et se met en danger en s’essayant à quelques acrobaties sonores parfaitement exécutées.
Aussi à l’aise sur des titres pop assez classiques que sur des tentatives s’éloignant volontairement des sentiers battus, la voix de la Française joue un rôle important dans la réussite de ce "Games Over", en conférant à ce patchwork de styles et d’idées une unité qui aurait pu lui faire cruellement défaut. Une qualité de plus à ajouter à la liste des charmes de ce second album qui comptera parmi les réussites majeures de l’année en France.
- Publication 374 vues29 août 2008
- Tags Laetitia SheriffNaïve
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