Si le blues foisonne de poésie et de tranches de vie prenantes, Leo Bud Welch en est un haut représentant.
Fat Possum n’est pas un petit nom dans l’industrie de la musique. Grands faits de guerre, avoir déniché RL Burnside et Junior Kimbrough. Ces deux noms peu connus en dehors des arcanes du milieu du blues, constituent les influences majeures des Jon Spencer Blues Explosion, Black Keys, Left Lane Cruiser, etc… Autrement dit, sans Fat Possum, exit toutes les déviances du blues blanc. C’est au fin fond de l’Amérique, à Bruce, sur les bords du Mississippi, que le label a été chercher son nouveau jeune protégé. Débutant dans l’industrie du disque à 81 ans avec « Saboulga Voices », Leo Bud Welch nous est revenu en mars de cette année avec le sulfureux « I Don’t Prefer Blues ».
Qui est donc cet homme, qui connait les affres de l’industrie musicale à l’age d’être arrière-grand-père? Eh bien il s’agit d’une énième histoire comme seul le monde du blues peu en générer : Leo Bud Welch aurait pu connaître un début de carrière discographique à la fin des années 50. Ayant contacté B.B King, le roi l’invita pour une audition à Memphis. Malheureusement, le natif de Bruce n’avait pas assez d’argent pour s’y loger (son salaire était de 30 dollars par semaine). Ce genre d’histoire de bourlingueur et de pauvreté, on connait, mais que le bonhomme pousse enfin les portes d’un studio à cet age reste clairement hors du commun. A ce titre, une telle histoire a forcément attiré quelques caméras et notamment celle de Brent Foster dans le cadre de son projet de documentaires « While I’m Still Here ».
Voilà donc pour les présentations. Au rayon musique, pas de doute, on parle blues, un blues typique du delta, entre la moiteur d’un plein soleil à 90% d’humidité, les odeurs de rouille et d’essence. Ce qui s’échappe de toutes les cordes du Papy c’est de la philosophie et du background, un naturel désarmant de classe ne manquant à la peau dure… Mais attention, Leo n’oublie pas de se démarquer de ses congénères par son attirance instinctive pour le gospel et quelques espiègleries funky comme sur le titre de clôture Too Much Wine.
Ne nous mentons pas, il apparaît clairement qu’un goût prononcé pour le blues est fortement conseillé pour s’éprendre de la majorité des dix titres de l’album. Mais comment rester de marbre face à autant de naturel et d’intégrité dans l’interprétation? Ces deux paramètres poussent d’ailleurs l’artiste à s’inspirer, consciemment ou non, d’autres univers, qui semblent surtout être le reflet de la forte personnalité musicale du monsieur.
« I Don’t Prefer No Blues » est beau comme votre papy qui vous racontait ses virées adolescentes dans les champs, à l’avant-guerre, de la poésie à l’état pur, celle de l’adulte lavé de tous les parasites de la maturité, qui redevient enfant. Un superbe album de blues par la puissance poétique qu’il dégage.
S’il ne devait en rester qu’un titre : Too Much Wine.
PS « le blues c’est la scène avant tout » :
8 juillet à la Maroquinerie (Paris, 75)
9 juillet aux Terrasses du Jeudi (Rouen, 76)
15 juillet au Cahors Blues Festival (Cahors, 46)
- Publication 456 vues13 juillet 2015
- Tags Leo Bud WelchFat Possum
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Tracklist
- The Library - Intro
- I.Crawl
- II. Worldstar
- Dial Up
- I. The Worst Guys
- II. Shadows
- III. Telegraph Ave. ("Oakland" by Lloyd)
- IV. Sweatpants
- 3005
- Playing Around Before the Party Starts
- I. The Party
- II. No Exit
- Death By Numbers
- I. Flight of the Navigator
- II. Zealots of Stockholm [Free Information]
- III. Urn
- I. Pink Toes
- II. Earth: The Oldest Computer (The Last Night)
- III. Life: The Biggest Troll [Andrew Auernheimer]