"> Leonard Cohen - Popular Problems - Indiepoprock

Popular Problems


Un album de sorti en chez .

5

De beatnik undergound à crooner classieux il n'y a qu'un pas, de plusieurs décennies.

Leonard Cohen jouit sans nul doute d’un crédit inattaquable dans le monde de la musique. Auteur d’une ribambelle de mélodies imparables qui n’ont d’égales que la poésie de ses textes, l’artiste « pur » a su également faire évoluer son art avec l’album charnière qu’était « I’m Your Man » paru en 1988 (!!!),  adapté à une voix tendant vers le caverneux, délaissant le folk qui fit son succès et sa renommée pour des aspérités plus soft jazz de crooner arty. La pertinence de la comparaison avec d’autres artistes a toujours ses limites, mais ces évolutions le démarqueront tout de même de la flemmardise d’un certain Robert Zimmerman… Suite à un retour sur scène lors d’une tournée marathon aux tarifs exorbitants pour renflouer des caisses vidées par des producteurs véreux, au prix d’entamer la poésie du personnage, notre canadien nous revient en 2014 avec cette nouvelle production.

A l’image de ses récentes apparitions sur scène, Leo nous dévoile ses « Popular Problems » au rythme d’une production des plus léchées : chœurs féminins, instrumentations multiples dans les mains de grands professionnels. Le but affiché est clairement de laisser la part belle à la voix exceptionnelle du papy sans qu’à un moment une rupture ne déconcentre l’auditeur. Ceci nous amènera inexorablement à l’ennui la plupart du temps avec une majorité de titres qui sentent la naphtaline. Des compositions toujours empruntes de poésie dans le texte mais dont l’absence totale de relief dans la musique ne pourra que très ponctuellement nous emballer. La voix également souffrira de ce manque de variété. Que ce soit les cordes, les cuivres ou les chœurs, on enfonce des portes ouvertes pour ne pas déstabiliser l’auditoire bourgeois conservateur. La vieillesse est un naufrage, qu’ils disaient…

A côté de ce manque patent d’inspiration artistique, deux titres émergent tout de même, deux morceaux dans lesquels on ressent la fameuse cassure : « il y a une cassure en toute chose, c’est comme cela que la lumière entre ». Leo n’a pas totalement renié son hymne ( Anthem, sur l’album « The Future »). En tête de gondole, agissant comme le titre salvateur de l’album, Nevermind, avec sa rythmique syncopée, ses chœurs, à contre sens des plates interventions précédentes et l’intégration réussie d’inspirations orientales, nous restera longtemps en tête, comme la vision de ce que pourrait donner la fin de vie d’un Radiohead de 80 ans. A côté de cet inattendu OVNI, le bluesy My Oh My sauvera également les apparences, bien moins déstabilisant que son illustre compagnon d’échappée, blues oblige, l’arpège lancinant et les tendances espiègles du titre titilleront notre attention.

Cet album est à cent lieues de « Songs of Leonard Cohen », « New Skin for the Old Ceremony » ou encore « I’m Your Man », la voix et la poésie des textes sont toujours présentes, quelques beaux moments sont à noter, mais dans l’ensemble, le manque presque total de risque feront de ce disque un passage hasardeux voire, au pire, une opération financière dans la carrière artistiquement énorme de ce monstre sacré.

S’il ne devait en rester qu’un titre : Nevermind.

 

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Tracklist

  1. Slow
  2. Almost Like the Blues
  3. Samson in New Orleans
  4. A Street
  5. Did I Ever Love You
  6. My Oh My
  7. Nevermind
  8. Born in Chains
  9. You Got Me Singing

La disco de Leonard Cohen