"> Les Smiths AFT - Les Smiths A French Tribute - Indiepoprock

Les Smiths A French Tribute


Un album de sorti en chez .

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Des artistes français qui rendent hommage aux Smiths : pari possible ?

Début 2017 commence à se concrétiser, suite à une idée lancée par Jean-Baptiste Pène et Esteban Martinez, un projet assez simple sur le papier, un peu moins à mener à terme : faire reprendre le répertoire des Smiths, le groupe de Morrissey et Johnny Marr, par des artistes émergents français. L’album finit par sortir en octobre dernier et réunit donc 17 groupes et pas moins de 62 musiciens au total. Dans la foulée, l’aventure se poursuit sur scène avec un groupe formé de toutes pièces à partir de ce vivier. En soi, évoquer un beau projet mené à terme et qui va même au-delà de son objectif initial fait toujours plaisir. En revanche, entrer de plain-pied dans cet album et en apprécier le résultat n’est pas forcément évident. Car, quelque part, The Smiths sont tellement indissociables de leur « anglicité », le chant ampoulé de Morrissey et le jeu de guitare atypique de Johnny Marr tellement spécifiques, qu’on a un peu de mal à imaginer des artistes issus d’un pays qui n’a jamais rien compris (ou rarement) à la pop s’emparer de leur répertoire.

Alors, n’y allons pas par quatre chemins, il y a dans cet album un certain nombre de gadins : on ne s’attardera même pas sur le cas I Know It’s Over repris par Lplpo, étant donné qu’on ne comprend pas où commence l’adaptation, Panic, repris par Vox Pompidou, est transformé en pseudo-morceau de rock pompier avec en sus une voix féminine insupportable. Le chant n’est pas non plus très convaincant chez Al3ph et les claps qui rythment le morceau ne font que l’affadir. A force d’effets mal maîtrisés, My favorite horses transforment Death of A Disco Dancer en un morceau confus, emphatique et sans grâce… Ensuite, il y a ceux qui font preuve de davantage de modestie, peut-être, ou de sobriété, appelez cela comme vous voudrez, qui se lancent dans des interprétations plus « littérales » mais qui, au moins, ne tuent pas l’esprit de l’original. Daguerre livrent ainsi une belle version de There Is A Light That Never Goes Out, avec des arrangements soignés, à l’exception peut-être de la reprise finale avec choeur et accordéon qui ramène un peu trop à un cliché français. Volin s’en sort bien avec Barbarism Begins At Home en gardant la trame mélodique en fond tout en parant le morceau d’arrangements spectraux bien sentis, Chozpareï livrent une version enlevée, sophistiquée mais pas trop de Still Ill.

Enfin, il y a deux cas où la notion de groupe français qui reprend le plus anglais des groupes anglais est poussée jusqu’au bout : Télégram reprend Bigmouth Strikes Again et adapte le texte en français, tout en y entremêlant quelques phrases du texte original, se cale sur les arrangements musicaux du morceau de départ, y ajoute une fantaisie en fin, et ça fonctionne. Même constat chez Laurent Montagne avec Some Girls Are Bigger Than Others : pas d’esbroufe sur la partition, quelques petits arrangements discrets, une simple phrase glissée en français, mais ça suffit à changer la perspective. C’est certainement là le principal enseignement de « Les Smiths A French Tribute » : quand on s’attaque à un groupe indissociable de son origine, c’est en assumant pleinement les siennes qu’on lui rend le mieux hommage. De par sa nature même, l’album est forcément inégal, mais ne manque pas de sel. Tentez l’expérience.

Rédacteur en chef

La disco de Les Smiths AFT