Liquid Liquid

De Liquid Liquid on ne connaissait qu’un morceau, le splendide Optimo, placé en ouverture de la superbe compilation "New York Noise", sortie sur l’éminent label Soul Jazz. On avait été soufflé par cette ligne de basse prognathe, frappé par ces percussions hypnotiques, sans parler du chant étrange qui sonne comme un instrument supplémentaire au lieu […]

De Liquid Liquid on ne connaissait qu’un morceau, le splendide Optimo, placé en ouverture de la superbe compilation "New York Noise", sortie sur l’éminent label Soul Jazz. On avait été soufflé par cette ligne de basse prognathe, frappé par ces percussions hypnotiques, sans parler du chant étrange qui sonne comme un instrument supplémentaire au lieu de délivrer un quelconque texte. Introuvable depuis quelques temps, les autres enregistrements de Liquid Liquid sont de nouveaux disponibles grâce au label Domino qui vient de sortir le superbe "Slip In And Out Of Phenomenon", contenant tous leurs EP ainsi que quelques lives et inédits.

Apparu au début des années 80, à New York, en plein effervescence de la scène No-Wave (mené par les éminents DNA, The Contortions, Mars, Teenage Jesus and The Jerks), Liquid Liquid se distingue de ses groupes bruitistes en proposant un mélange entre punk et funk particulièrement efficace. Le groupe ne dispose d’aucune guitare, et reste centré sur une basse, une batterie, et énormément de percussions, pour des compositions essentiellement rythmique et répétitive. Dans ce genre, Optimo excelle par son efficacité et annonce LCD Soundsystem et !!! avec vingt ans d’avance.

Toujours aussi dansant, on retiendra aussi le superbe Cavern, dont le groove diabolique n’a pas échappé à Grandmaster Flash, qui a repompé la ligne de basse pour son White Lines (Don’t Do It). Certains morceaux plus calmes, comme Rubbermiro évoque une sorte de dub blanc, notamment en y ajoutant un mélodica réverbéré, s’inspirant de certaines productions fumeuses échappé de la Jamaïque. Préfigurant la techno, mais sans les machines, Liquid Liquid n’eut malheureusement pas beaucoup de chance, et disparut après quelques EPs. Seule une réédition en 1997, par le défunt label Mo’Wax permit de jeter une dernière fois un coup de projecteur sur le groupe, avant que celui-ci ne retombe dans le cercle fermé de quelques fans connaisseurs.

Se rapprochant d’ESG par son approche minimaliste et punk du funk et de la dance, Liquid Liquid se révèle un de ses groupes à la carrière éclair, dont l’influence se ressent encore aujourd’hui.