Liz Janes & Create (!)

Un critique américain a dépeint la musique de Liz Janes comme étant l’incarnation parfaite de ce que le peintre Jackson Pollock aurait fait s’il avait joué de la musique. Difficile de voir ce que ce journaliste trouvait de commun entre le patchwork minimaliste et expérimental de Janes et « l ?action painting » de Pollock, […]

Après des collaborations avec des folkeux de la scène underground américaine comme Sufjan Stevens, avec qui elle partage d’ailleurs le même label Asthmatic Kitty, ou Rafter Roberts sur ses deux premiers opus, la Californienne a choisi pour ce projet de s’entourer d’un collectif free jazz, histoire peut-être de ne pas céder aux habitudes. Après écoute, on comprend ce qu?elle cherchait : des qualités d’improvisation et sans doute une approche instinctive de l’écriture musicale.

Car cette petite collection de chansons empruntées au registre populaire américain, et transfigurées en de petites pièces dissonantes n’a rien de très ??catchy??, ni d’évident pour l’oreille. Le sentiment prédominant est que le tout a été enregistré selon l’inspiration du moment, et surtout, selon l’humeur de Liz. Rythmiques mystiques, sonorités alambiquées traversent ce disque construit par juxtaposition, et qui se révèle aussi introspectif que déroutant. Quelques arpèges de guitare viennent parfois s’immiscer derrière l’instrumentation minimaliste, mais sans jamais n’être plus qu?un chuchotement.

Liz et son groupe font montre d’une capacité réelle à tisser des mélodies complexes et élaborées, mais le tout manque cruellement de saveur. Au final, c’est un album très cérébral qui rappelle, dans l’esprit, le fameux »Rock Bottom » de Robert Wyatt. l’épaisseur et le génie musical en moins.