Pure folie et talent tout terrain
Définir le style de Malachaï tiendrait de l’utopie, une approche psychée d’à peu près tous les styles qui terminent en « -op ». Alors grossir la longue pile des artistes inclassables n’a paradoxalement plus grand chose d’original et n’est pas pour autant gage de qualité. L’opulence d’arrangements et de sonorités en tout genre est également souvent utilisée comme alibi ‘radioheadien’ d’un manque d’inspiration dans les compositions.
Malachaï arrive donc en terrain miné, avec une démarche qui a tendance à provoquer la défiance de l’auditeur averti. Ôtons dès à présent tout doute potentiel, la réussite est là : une personnalité forte ressort de « Beyond Ugly », la production très aboutie de ses titres n’enlève en rien à la spontanéité des compositions. De fait, les deux compères s’amusent à casser les codes musicaux par un métissage incessant de styles, et à peu près tout y passe. De prime abord on ressent un culte flagrant à la musique de cinéma avec des arrangements particulièrement orchestraux à l’image de I Deserve To No tout en gardant à l’esprit de produire des titres efficaces, voire ‘rentre dedans’ tels le Sweet Flower qui ouvre l’album. En bons musiciens d’outre-manche qu’ils sont, de Bristol qui plus est, Malachaï donne à son troisième opus une ambiance très « platines dancefloor », entre trip hop psychédélique et hip-hop que ne renieraient pas les Streets. De plus, une foultitude d’accompagnements vocaux et instrumentaux vient agrémenter ces productions très variées, et toujours à bon escient, à la limite de l’overdose mais sans jamais franchir la barrière, pour au final nous plonger dans une atmosphère prégnante tant joyeuse que parfois désenchantée : derrière ce flegme britannique on sent que le cynisme, bien que discret, n’est jamais bien loin,…
« Beyond Ugly », malgré sa forte tendance OVNI, se révèle être particulièrement accessible grâce à l’approche très pop (le britannique a vraiment un don) de la production. Le spectre musical, qui nous est ici offert, est franchement large et pourtant, beaucoup de légèreté émane de ces 12 titres. Malachaï? Deux enfants du psychédélisme follement doués qui s’amusent, grand bien leur en prenne tant ils sont communicatifs. En résumé, nous tenons là un exemple de musique riche mais humble, le seul but en étant d’être jouissive.
S’il ne devait en rester qu’un titre : I Deserve To No.
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- Publication 615 vues6 mai 2014
- Tags MalachaiDomino
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Tracklist
- Sweet Flower
- Don't Try This At Home
- Dragons Ball
- Holes
- Hear It Comes
- I Deserve To No
- White Nuthin' Sky
- The Love
- Army
- Dark Before The Dawn
- End
- Down To Earth