Quatrième album de Marika Hackman, mélancolique et introspectif.
« Big Sigh » est déjà le quatrième album de Marika Hackman, qui n’avait toutefois rien publié depuis 2019, mais c’est peut-être celui qui va la faire pleinement entrer dans la lumière. Car si avec « Any Human Friend », elle s’était fait un nom outre-manche, l’Anglaise reste cependant un peu reléguée dans l’ombre. D’une part parce que sa musique, folk-pop tendance intimiste, n’est pas de celles qui retentissent avec fracas, au propre comme au figuré, mais également parce qu’elle appartient à une catégorie finalement davantage mise en avant en Amérique qu’en Grande-Bretagne. Des figures comme Julia Holter ou Weyes Blood ont ainsi plus d’échos que Marika Hackman. Le fait qu’elle édite son album en début d’année, période à laquelle les amateurs de musique sont avides de renouveau mais souvent délaissée par ceux qui sont le plus attendus est ainsi un bon calcul en lui offrant plus de visibilité.
D’autant plus que Marika Hackman a quelques atouts à faire valoir, à commencer par ses paroles sans détours dans lesquelles elle évoque crument des détails de sa vie intime ou bien partage ses états d’âme sans rien taire. Elle peut en parallèle se targuer d’un vrai sens des arrangements qui font de ses morceaux des pièces souvent assez luxuriantes et sophistiquées. Cet aspect est toujours présent sur « Big Sigh », et ce bien qu’elle ait enregistré cet album de manière très autonome, en jouant elle-même de tous les instruments. La production reste néanmoins riche, avec quelques arrangements electro, des guitares souvent acoustiques, mais aussi une section de cordes qui intervient notamment sur No Caffeine ou Big Sigh pour donner du souffle aux compositions de Marika Hackman.
Des compositions qui, sur cet album, introspectif, dense et mélancolique, ont des airs de gueule de bois. Sans surprise, ce sont les affres de la séparation et des histoires qui tournent mal qu’explore Marika Hackman. Mais, si on sent une lourdeur planer sur l’ensemble, l’Anglaise conserve le caractère enlevé de sa musique, un goût pour des mélodies aériennes, ouvertements pop, qui ne sont pas sans faire parfois penser à Elliott Smith, le temps d’un titre comme Hanging par exemple. Paradoxalement, cet aspect pop et aérien est à la fois la force de l’album et ce qui retient dans un premier temps de véritablement s’y immerger.
Car cette apparente légèreté peut d’abord nous faire glisser sur les chansons sans vraiment s’y arrêter, ou peu. Mais, écoute après écoute, la gravité des morceaux grignote petit à petit la sensation initiale et permet à l’album de trouver son point d’équilibre en en faisant une oeuvre complexe, plutôt sombre mais qui ne cède pas aux facilités de son propos. Quelques titres vraiment forts se détachent alors, Blood, Vitamins, Slime. Reste à savoir maintenant si ce disque passera le test de la durée ou sera emporté par le flot des sorties qui se profilent déjà, mais il serait quoi qu’il en soit dommage de passer à côté.
- Publication 1 094 vues16 janvier 2024
- Tags Marika HackmanChrysalis
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