Thom Yorke poursuit ses collaborations et ses expérimentations...
Il y a quelques mois, quand on interrogeait Thom Yorke sur le futur de Radiohead, ce dernier répondait que le groupe et les attentes des fans le concernant étaient un peu le cadet de ses soucis. Une réponse pas surprenante, sachant que dans le même temps le projet parallèle The Smile enchaînait les albums à un rythme assez vertigineux et ressemblait de plus en plus à… Radiohead. Cette nouvelle collaboration de Thom Yorke avec Mark Pritchard nous fait aussi soupçonner que la rapidité de publication des albums de The Smile était peut-être aussi dictée par l’empressement du chanteur à se consacrer à ce nouveau projet. Quoi qu’il en soit, l’écoute de « Tall Tales » nous pousse à revenir environ vingt-cinq ans en arrière.
En 2000, Radiohead prend en effet son « virage electro » avec la sortie de « Kid A ». A l’époque, parallèlement à la scène brit-pop à laquelle, contre leur gré, on associait Radiohead, l’electro apparaissait comme le genre florissant par excellence et le creuset du bouillonnement créatif. Et c’est bien à ce bouillonnement créatif que le groupe d’Oxford et son leader souhaitaient appartenir, ce qui a poussé le groupe à abandonner les guitares, quitte à perdre son ADN et finir dans une impasse. Au cours des années 2000, Thom Yorke lui-même s’émancipait en solo pour deux albums d’electro atmosphérique pas franchement inoubliables et a réédité l’expérience en 2019 avec un album un peu plus probant, sans non plus être exceptionnel. Et si on rappelle l’historique de Thom Yorke et de l’electro, c’est qu’il est assez frappant de constater que l’idée que se fait Thom Yorke de l’electro n’a finalement pas varié depuis vingt-cinq ans.
Concrètement, si on a ici affaire à un album collaboratif, sans faire injure à Mark Pritchard, si sa contribution a potentiellement été importante en matière de production, « Tall Tales » donne avant tout le sentiment qu’il a justement davantage contribué au disque en fonction de producteur que d’auteur. En effet, de l’inaugural A Fake In A Faker’s World à This Conversation Is Missing Your Voice, on retrouve toute la palette distillée par Thom Yorke sur ses albums solo, à savoir des morceaux vaguement planants, portés par quelques inflexions de son timbre de voix particulier, sur fond de plages synthétiques et de temps en temps quelques beats plus syncopés. Et, comme d’habitude, il y a quelques bons moments où la mélodie et l’ambiance générale retiennent l’attention mais, globalement, on glisse vite vers l’ennui.
Mais, encore une fois, ce qu’il y a de plus gênant dans cet album, c’est que Thom Yorke semble considérer l’electro comme un genre figé depuis le début des années 2000, alors même qu’à l’origine, il l’investissait précisément parce qu’il ouvrait de nouvelles portes créatives. Et ce n’est finalement pas le moindre des paradoxes d’avoir la sensation d’écouter avec « Tall Tales » un album quelque peu anachronique qui souligne surtout qu’en matière d’electro, il y a nombre d’artistes bien plus intéressants à écouter que Thom Yorke.
- Publication 845 vues19 mai 2025
- Tags Mark Pritchard & Thom YorkeWarp
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Tracklist
- A Fake in a Faker’s World
- Ice Shelf
- Bugging Out Again
- Back in the Game
- The White Cliffs
- The Spirit
- Gangsters
- This Conversation is Missing Your Voice
- Tall Tales
- Happy Days
- The Men Who Dance in Stag’s Heads
- Wandering Genie