Michael Andrews

Ironie du sort : beaucoup de gens connaissent déjà Michael Andrews… pour un titre qu’il n’a ni écrit, ni chanté : souvenez-vous, ce sublime Mad World, sur la BO du vaguement culte "Donnie Darko". Eh bien non, ce n’était pas R.E.M. qui reprenait cet obscur titre de Tears For Fears, mais bien Michael Andrews, épaulé au chant par Gary Jules. Malgré ce quiproquo persistant, on se réjouit de retrouver Andrews pour un premier album solo ouvragé avec un soin méticuleux.

Arpèges délicatement troussés de guitares acoustiques, instrumentations sobres et riches à la fois, envolées psychédéliques discrètes via quelques sons aussi anachroniques qu’analogiques : tout ici respire l’élégance, le goût du travail bien fait, la moindre faute de goût a été traquée et éradiquée dans pitié. Sur Just A Thought, les ombres d’Elliott Smith et des Beatles du "Magical Mistery Tour" planent. Sur Orange Meet Lemon, un rythme ternaire et quelques accords atypiques nous placent dans une charmante incertitude entre pop, jazz et musiques latines.

Un véritable magasin de porcelaine, en somme, qu’on parcourt avec émerveillement et prudence, de crainte de ne briser l’un de ces fragiles objets. Paradoxalement, un certain détachement s’installe, que ne brisent que peu de chansons (le splendide Love Is Tired, ou un Before The Echo à la belle mélancolie flapie). On peinerait à trouver une réelle faiblesse, mais simplement, la flamme semble parfois absente, occultée par trop de polissage.

Dommage qu’Andrews se mure trop systématiquement derrière la cuirasse d’un savoir-faire propret à la facture impeccable. Lorsque la brèche se fait, on entrevoit sans peine l’auteur potentiel de grands moments de folk psychédélique. "Hand On String" est incontestablement une réussite, mais peut paradoxalement frustrer par l’immense talent qu’il laisse deviner et qu’on sent ici encore trop corseté, trop muselé. Un album qui accompagnera notre printemps, mais on attend maintenant surtout d’Andrews qu’il enchaîne sur un chef-d’œuvre, il en est capable.