Moonman

On avait quitté Moonman en des terres plutôt intimes et minimalistes, où son premier album, "Manipulator", faisait la part belle aux guitares acoustiques et aux arrangements électro inquiétants. Mais sur son second opus, "Necessary Alibis", le songwriter a décidé de changer de voie, pour obtenir un son plus électrique et distordu, trouvant son inspiration dans les constructions complexes de Sonic Youth, période Jim O’Rourke, ou encore de Television.

Il faut écouter jusqu’au bout "Necessary Alibis" pour en apprécier toute sa saveur, car si les morceaux d’ouverture sont remarquablement bien exécutés, Moonman reste encore trop sage par rapport à ces modèles. Les guitares de Mascara And Glitch ou de Careless Cigarette Burns enchaînent efficacement des plans complexes, sans être trop démonstratives, mais semblent hésiter entre le rock dissonant et une certaine retenue dans les déflagrations sonores. Cette absence de choix donne un côté fourre-tout à l’album pas forcément désagréable, mais on aurait aimé un peu plus d’intransigeance. On émettra enfin une grande critique sur la voix, qui ferait presque penser à un Jay Mascis trop calme.

Bref, le début de l’album ne laisse pas entrevoir un grand disque, et pourtant c’est à la fin que Moonman révèle un immense talent, avec notamment la pause acoustique et cowboy de Smoother (en référence à la pochette très moyenne ?). Ce morceau viendra confirmer que la voix de Moonman fonctionne bien mieux en émotions retenues et juste accompagnées d’une guitare sèche. Mais c’est sur les quatre parties de Team of Secrets Rivals que le songwriter réussi un joli tour de force sonique en partant dans des arrangements bruitistes et répétitifs plus exigeants que le début de l’album. Essentiellement instrumentaux, ils rappelleront les meilleurs moments du post-rock d’un Mogwaï, ou les disques les plus expérimentaux de Sonic Youth.

Une vingtaine de minutes fabuleuses, à l’écoute desquelles on ne peut s’empêcher de recommander à Moonman de persévérer dans cette voie. En espérant, toutefois, qu’un nouveau dessinateur sera recruté pour la pochette des prochains albums.