"> My Bloody Valentine - Isn't Anything - Indiepoprock

Isn’t Anything


Un album de sorti en chez .

7

Depuis plus de quinze ans, l’absence de My Bloody Valentine a suscité, dans le désordre, inquiétudes, spéculations, espoirs et déceptions, pour devenir ces derniers temps avant tout un objet de plaisanterie. De tous les groupes des années 90, le quatuor écossais est probablement celui qui a réussi à rassembler le culte le plus fervent. La […]

Depuis plus de quinze ans, l’absence de My Bloody Valentine a suscité, dans le désordre, inquiétudes, spéculations, espoirs et déceptions, pour devenir ces derniers temps avant tout un objet de plaisanterie. De tous les groupes des années 90, le quatuor écossais est probablement celui qui a réussi à rassembler le culte le plus fervent. La cause en est connue : un OSNI (objet sonore non identifié), un véritable pavé dans la mare des certitudes musicales de l’époque, baptisé “Loveless”.

On oublie souvent un peu vite qu’avant “Loveless” et la beauté dévastée de ses champs de mines sonores, My Bloody Valentine avait déjà établi quelques standards en matière de pop bruyante : c’était en 1988, et si “Isn’t Anything” a bientôt vingt ans, il garde, dans l’ombre un peu trop écrasante de son cadet, un teint éclatant, une fraîcheur intacte.

On y voit déjà, de façon encore brouillonne, débraillée, insouciante, cette capacité à façonner les textures et les blocs sonores qui feront ensuite de l’obsessionnel Kevin Shields un indiscutable Monet de la pop indé. Mais si “Loveless” est avant tout un objet abstrait, un flou impressionniste comparable au Pont Japonais peint par un Monet vieillissant et rendu quasiment aveugle par la cataracte, “Isn’t Anything” est l’expression, pleine d’enthousiasme et de sève, de la vigueur d’un compositeur au talent inouï.

(When You Wake) You’re Still In A Dream, Cupid Come, Sue Is Fine, You Never Should : on pourrait énumérer presque tous les titres et faire à chaque fois le constat d’un euphorisant mélange entre des mélodies addictives et immédiates, dans la plus pure tradition d’une pop sucrée et un son tordu, sali, malmené, inspiré par Jesus And Mary Chain ou Sonic Youth. Au-delà de cette audace ingénue qui donne toute sa valeur à l’album, on retient également deux morceaux sublimes, hors du temps, portés par la voix évanescente de Bilinda Butcher : Lose My Breath et No More Sorry mériteraient à eux seuls un article, et prouvent si besoin était qu’il est idiot de résumer My Bloody Valentine au seul Kevin Shields…

“Loveless” restera, inévitablement, le vrai classique de My Bloody Valentine ; cela se justifie pleinement, mais “Isn’t Anything” est beaucoup plus qu’un simple brouillon : c’est, déjà, un grand disque, bien plus audacieux et maîtrisé que la plupart de ses congénères de l’époque.

Chroniqueur

Tracklist

  1. It's a Nice Day, Isn't it?

La disco de My Bloody Valentine