Le premier album de la tête d'affiche du retour de la jungle.
Au milieu des années ’90, quand on déambulait dans les rues de Soho, à Londres, résonnait un peu partout un son electro speedé, basé sur une séquence rapide de breakbeats et de boucles répétitives. Il ne faudrait ensuite pas longtemps pour que ce style se voie baptisé « jungle » et que le genre, dans une scène electro bouillonnante, gagne ses titres de noblesse, notamment grâce à Goldie. En 1997, David Bowie lui-même, fidèle à son image d’éponge à tendances, s’emparait du genre sur « Earthling », album qu’il n’est pas inutile de réécouter aujourd’hui. Petit à petit, les beats se sont ensuite légèrement ralentis, on a eu droit à l’avènement de la drum’n’bass, puis l’electro a continué son bonhomme de chemin. Mais voilà que depuis quelques temps, la jungle revient à l’honneur et que cette fameuse séquence rapide entêtante s’invite un peu partout.
Si on ne compte plus le nombre de fois où le rock et la pop ont connu des résurgences, le phénomène est un peu nouveau pour l’electro, mais cela s’inscrit bien dans l’histoire de la musique en général. En tête de pont de ce renouveau de la jungle, on trouve une jeune productrice anglaise de 25 ans à peine, Dehaney Nia Lishahn Hunt, plus connue sous le pseudo Nia Archives, qui, après quelques EPs, publie « Silence Is Loud », son premier album. En plus de la « réappropriation » qu’elle opère de la jungle, on pourra noter sur la pochette de son album, via sa dentititon argentée, un clin d’oeil à Goldie, connu lui, en plus de sa musique, pour son ratelier en or. Tout cela pourrait faire penser qu’on est là en pleine nostalgie ou revival, mais il n’en est rien. Car sur son premier album, Nia Archives intègre la jungle à des morceaux pop à l’efficacité redoutable. Silence Is Loud, Cards On The Table, Unfinished Business, Crowded Roomz, pour ne citer que quelques titres, sont ainsi tous imparables et s’incrustent immédiatement dans votre cortex.
Mais l’ambition de Nia Archives, c’était aussi de donner vie à un album qui, selon elle, pouvait s’écouter assis, pour lui-même. Soit une véritable volonté d’aller au-delà d’une musique associée à l’univers de la danse et des raves. Et si les titres sont indéniablement enlevés, ils sont effectivement consistants, avec un vrai sens de l’écriture. La meilleure preuve en est Silence Is Loud (Reprise), sur lequel Nia Archives reprend le thème du premier morceau de l’album, qui lui donne aussi son titre, en mode ralenti, avec quelques notes de piano qui remplacent la séquence de breakbeats. Enfin, autre élément probant, tous les morceaux sont chantés, autre gageure pour une artiste au départ présentée comme une productrice derrière ses machines. Et sa voix se révèle un véritable atout. Solaire, limpide, elle colle parfaitement à l’ensemble, le fait briller. Bref, « Silence Is Loud » est un album important, qu’on se gardera bien de réduire à de la pop mainstream qui va puiser dans le passé.
- Publication 1 111 vues22 avril 2024
- Tags Nia ArchivesUniversal
- Partagez cet article