"> P.O.S. - Never Better - Indiepoprock

Never Better


Un album de sorti en chez .

Le hip-hop vit des instants étranges : la star Eminem pointe aux abonnés absents, les gardiens du temple Lil Wayne et Kanye West portent le style vers une désincarnation quasi-conceptuelle (bien symbolisée par l’utilisation intensive de l’auto-tune), et recherchent l’expérimentation avec des vivisections étranges de pop et de soul, tandis que des profiteurs du type […]

Le hip-hop vit des instants étranges : la star Eminem pointe aux abonnés absents, les gardiens du temple Lil Wayne et Kanye West portent le style vers une désincarnation quasi-conceptuelle (bien symbolisée par l’utilisation intensive de l’auto-tune), et recherchent l’expérimentation avec des vivisections étranges de pop et de soul, tandis que des profiteurs du type Flo Rida recyclent sans vergogne ni imagination de vieilles lunes 80’s ou 90’s pour se frayer un accès au tiroir-caisse. Difficile dès lors de tirer des tendances nettes de l’évolution d’un genre qui donne souvent l’impression de s’autocaricaturer. Difficile surtout de trouver un peu de fraîcheur dans une atmosphère bien viciée. Voilà autant de raisons de saluer ce troisième album de P.O.S., issu de l’écurie Rhymesayers à qui l’on doit également Atmosphere, et qui à défaut d’innover à tout crin sait insuffler un supplément d’âme au mélange hip-hop / rock qu’il pratique.

Présenté dans un packaging original, soigné et très réussi, "Never Better" sort immédiatement du lot et aiguise la curiosité. Musicalement, l’album accroche d’emblée grâce à une énergie qui saute directement aux oreilles sur Let It Rattle : les samples orchestrent une montée en puissance progressive tandis que le débit très rapide de P.O.S. crée une véritable tension. L’approche est classique et s’apparente à celle d’un Sage Francis, mais la recette fonctionne.

Ce qui réjouit, ce qui rassure même chez P.O.S., c’est la sensation d’échapper enfin à une approche cybernétique de la musique, d’écouter un disque enregistré par un véritable être humain, un être de chair et de sang. Le flow pugnace, voire vindicatif du MC s’accomode très bien d’un choix de samples orienté vers les percussions et les rythmes complexes (parfois de façon excessive comme sur le bien nommé Drumroll ou The Basics, indigeste). L’approche rock est très sensible sur Purexed ou Graves, sur lesquels P.O.S. s’autorise quelques passages plus chantés que scandés. Un équilibre est en revanche bien conservé sur l’ensemble du disque, car des titres comme Goodbye, Low Light Low Life ou l’explosif et irrésistible Savion Glover proposent des moments moins ouvertement agressifs et nettement plus groovy.

Quelques brèves chutes d’intensité ne terniront que très légèrement une véritable collection de pépites. Les puristes pourront certainement crier au scandale : c’est vrai, P.O.S. n’hésite pas à mâtiner le hip-hop de rock, voire de punk, peut-être pour attirer les oreilles d’une audience pas forcément captivée par le rap. Toutefois, le résultat lui donne mille fois raison : avec cet album vif, teigneux, tendu et compact mais surtout vivant, P.O.S. apporte une brique nouvelle dans le champ des possibles du hip-hop, et permet surtout de le replacer avec pertinence au centre de l’échiquier musical de l’époque.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Let It Rattle
  2. Drumroll (We're All Thirsty)
  3. Savion Glover
  4. Purexed
  5. Graves (We Wrote The Book)
  6. Goodbye
  7. Get Smokes
  8. Been Afraid
  9. Low Light Low Life
  10. The Basics
  11. Out Of Category
  12. Optimist (We Are Not For Them)
  13. Terrorish
  14. Never Better
  15. The Brave And The Snake
  16. Hand Made Hand Gun
  17. Slint
  18. Let It Rattle (Demo)
  19. Purexed (Live at The Lowertown Line)
  20. Terrorish (Live at The Lowertown Line)

La disco de P.O.S.

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