Certains albums de reprises nous ont permis de situer la valeur des artistes qui les ont produits : Nick Cave avec "Kicking Against The Pricks" est devenu un immense chanteur et s’est libéré par la suite en tant que songwriter en se confrontant à ses héros. Au contraire les Walkabouts avec "Satisfied Mind" ont démontré […]
Certains albums de reprises nous ont permis de situer la valeur des artistes qui les ont produits : Nick Cave avec "Kicking Against The Pricks" est devenu un immense chanteur et s’est libéré par la suite en tant que songwriter en se confrontant à ses héros. Au contraire les Walkabouts avec "Satisfied Mind" ont démontré qu’ils étaient plus habiles pour s’approprier un morceau déjà existant que pour les créer de toutes pièces. Patti Smith, elle, est quoi qu’il arrive une icône de la musique rock, et même si c’est avec Gloria de Van Morrisson qu’elle est apparue sur le devant de la scène, on se demande ce que cet exercice peut apporter à sa carrière.
L’autre interrogation est de savoir le relief que prendra ce disque, Patti Smith nous ayant habitués depuis son retour en 1996 à alterner albums inspirés et soutenus par un groupe en verve, et disques fades joués sans passion. C’est hélas ce scénario que l’on retrouve sur The boy in the bubble, ou Within you without you. Ligne de batterie monotone et rasoir, lignes de guitares à l’avenant, on a le sentiment d’entendre un groupe qui joue ces morceaux pour la énième fois, de façon professionnelle mais sans plaisir ni ambition. Pire encore, sur Everybody wants to rule the world, dont la présence ici étonne, le chant de Patti, qui est pourtant resté un des plus beaux et des plus sauvages malgré les années, se fait policé et propret. On était en droit d’attendre de Patti Smith qu’elle fasse rentrer Tears for Fears dans son univers et pas l’inverse.
Heureusement il y a quand même quelques bons moments. Helpless est ici une ballade simple et émouvante, sur Gimme shelter Patti rugit comme aux plus beaux jours et draine son groupe derrière elle. Et puis surtout il y a Smells like teen spirit ou les guitares tranchantes de Nirvana laissent la place à un violon et un banjo affolés, le chant de Patti se fait incantatoire et fiévreux, rendant parfaitement hommage à l’esprit de l’original sans recherche de mimétisme. Pour ce seul moment on serait tenté de dire que "Twelve" vaut la peine. Mais disons plutôt que l’ensemble se révèle surtout anecdotique, sans que cela n’altère le moins du monde l’image que l’on a de Patti Smith. Car quoi qu’elle fasse, elle reste avant tout une dame de grande classe.
- Publication 730 vues28 avril 2007
- Tags Patti SmithColumbia
- Partagez cet article