On ne sait si c’est un hasard du calendrier ou bien une tendance qui s’ébauche, toujours est-il que quelques semaines après Cat Power et son "Jukebox" lisse comme la paume de la main, c’est Little Annie qui nous livre un album de reprises en compagnie du pianiste et arrangeur Paul Wallfisch. Little Annie, découverte l’an […]
On ne sait si c’est un hasard du calendrier ou bien une tendance qui s’ébauche, toujours est-il que quelques semaines après Cat Power et son "Jukebox" lisse comme la paume de la main, c’est Little Annie qui nous livre un album de reprises en compagnie du pianiste et arrangeur Paul Wallfisch. Little Annie, découverte l’an passé avec un beau premier album produit par Antony, a également en commun avec Cat Power d’avoir sa voix comme atout premier, même si elle évolue dans un registre plus heurté et androgyne que Chan Marshall.
Les deux comparses affichent en revanche un parti pris plus affirmé sur la forme de l’album, qui sonne comme un tour de chant dans un cabaret déserté. Et pour tout dire, cette ambiance va plutôt bien à un titre comme Song For You, sur lequel Little Annie laisse dériver sa voix tandis que Paul Wallfisch martyrise les touches de son piano pour créer un pur moment de spleen intimiste qui nous serre la gorge. Dans un registre plus apaisé, on apprécie aussi The Summer Knows et son blues léger et caressant, qui là encore va comme un gant à la voix de la New-Yorkaise. Sur Private Dancer, on assiste à une belle démonstration de ce que peut être une reprise adaptée avec sagacité et on se réjouit d’entendre le tube un peu toc de Tina Turner se retrouver projeté dans l’univers de Kurt Weill pour une version qu’on jugerait toute droite sortie de "L’opéra de quat’ sous". Dans ces moments-là, l’exercice de la reprise prend tout son sens.
Il n’en est hélas pas de même sur l’ensemble de l’album : la présence et surtout la forme d’interprétation de titres comme If You Go Away ou Yesterday When I Was Young, versions traduites de morceaux de Brel et Aznavour ,apparaissent d’emblée beaucoup trop prévisibles et convenues. Le chant et le jeu se font soudain complètement retenus et au lieu de susciter l’émotion ne drainent qu’un ennui poli. Sur la fin de l’album, la version du tube de U2 nous réconcilie avec le duo mais on ne peut encore une fois sortir de cet album sans un sentiment mitigé.
"When good things happen to bad pianos" viendra une fois de plus prouver que l’exercice de l’album de reprises, s’il a tendance à se banaliser, reste délicat et que rares sont ceux qui sont réussis du début à la fin. Son principal mérite sera d’installer Little Annie parmi les nouveaux artistes découverts depuis peu et que l’on espère retrouver souvent au cours des prochaines années. Mais en version originale si possible.
- Publication 283 vues5 mars 2008
- Tags Paul Little Annie and WallfischDurtro Jnana
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