Après le fantastique "La Forêt des Mal-Aimés" et le ravageur "Les Sentiments Humains", le québécois est de retour pour nous conter fleurette à sa manière avec "Punkt". Du Pierre Lapointe pur jus, en proie à tous ses fantasmes et excès.
Le syndrome de la page blanche. La hantise des écrivains, mais rarement le souci quotidien des modestes chroniqueurs que nous sommes. Pourtant, je dois avouer avoir dû y faire face lorsqu’est venue l’heure d’évoquer ce nouvel album de Pierre Lapointe. Non par manque d’inspiration, ni par manque d’intérêt (bien au contraire), mais j’avais beau retourner la chose dans tous les sens, aucun angle d’attaque ne me satisfaisait réellement. Et pour cause, en m’obstinant à vouloir écrire à la troisième personne rien ne parvenait à retranscrire réellement le plaisir et l’émotion que me procure l’écoute de « Punkt ». Il faut dire que parler de Pierre Lapointe revient pratiquement pour moi à évoquer quelqu’un de mon entourage, un artiste qui m’a longuement accompagné par l’intermédiaire d’albums grandioses et touchants, des heures et des heures d’écoutes passionnées à vivre pleinement la moindre note, le moindre mot du talentueux québécois. Car Pierre Lapointe est un artiste qui parle au cœur, étalant sa prose caustique avec autant d’humour que de vérité et abordant des thèmes qui forcent l’empathie. De quoi pénétrer aisément votre for intérieur.
Et pour son quatrième album, le Canadien a choisi de mettre plus que jamais l’accent sur la thématique de l’amour, son sujet de prédilection qu’il aborde à sa manière, semant le trouble autant qu’il amuse et se laissant aller à un feu d’artifice d’arrangements et de propositions variées. Seize compositions au total pour seize approches différentes, évoquant tour à tour l’amour heureux, désabusé, sentimental, sexuel et bien d’autres encore, mettant un point d’honneur à appuyer chaque atmosphère avec soin et générosité. Théâtral, macabre, romantique, enjoué, provoquant, classique, orchestral… les qualificatifs relatifs à chacun des morceaux qui façonnent l’édifice « Punkt » affluent comme autant de vagues dans un torrent d’idées, entraînant un flot de sonorités totalement hétérogènes. Au milieu de tout cela, un chant, une voix dont on boit chaque nouvelle apparition comme un philtre d’amour, pendus aux lèvres du narrateur jusqu’à son dernier souffle. Et si l’amour devait être un crime, alors Pierre Lapointe vient de faire de moi pour la troisième fois sa victime.
- Publication 1 196 vues20 mars 2013
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