Public Image Limited

Classique des classiques, PIL fait du PIL et c'est déjà un très bon départ

Public Image Limited n’est plus à présenter, mais on va tout de même commencer par cela. Johnny Rotten le vociférant orateur des Sex Pistols est redevenu John Lydon comme l’indique son état civil au sein de PIL en compagnie de Jah Wobble. « First Issue » sortira en 1978 et contiendra moult pistes explorées par le post-punk, le noise ou l’indus. Schématique comme pourrait le décrire la police du bon goût, c’est avec PIL que Lydon aura glané ses grades d’artiste. Nous en resterons à une plus vague image, les Sex Pistols, quelque soit la démarche mercantile initiale, fut une photographie de son époque ancrée dans le présent (no future oblige), alors que PIL, qu’importe son line-up, aura toujours été un projet plus inaccessible et furieusement révolutionnaire pour son époque.

Notamment avec « This Is PIL », désormais, avant dernier album, le groupe a pris un virage reggaeisant sur les rythmiques qui se marrie à la perfection au phrasé de cockney londonien du punk qui aura connu le futur. Mais réduire PIL à un style serait clairement un non-sens. « What The World Needs Now » est un condensé d’influences qui s’entrechoquent. En quelque sorte on pourrait vous décrire cet album comme le plus londonien des albums connus, tant celui-ci sent la Jamaïque, l’électro, David Bowie on encore le goût de la démesure à la Sparks, le titre Big Blue Sky, à cet égard, symbolise bien l’ensemble de l’album.

Attention, quelque soient les nombreuses déviances artistiques, la démarche et nombre de sonorités ramènent au rock. Dans la voix habitée et toujours remontée de Lydon ou dans une bonne partie des riffs de guitare, le 10ème album de PIL, envoie ce qu’il faut de rage et de fureur. Toujours à jouer aux confins de l’arty, de l’expérimental et du rock comme en atteste le haut perché Corportate, le groupe reste assez précisément comme un chef de fil de la mouvance sans mouvance, l’étiquette d’inétiquetable qui lui colle à la peau.

Alors de toute évidence tant de mondes, tant d’expérimentations ainsi que le John Lydon égal à lui-même feront frôler l’indigestion à quelques auditeurs, à n’en point douter. Mais en toute honnêteté, tant de créativité et d’intégrité sur un tel nombre de décennies force le respect, et ceci n’ayant aucun impact sur l’amour que nous avons pour cet album. Chacun des onze titres est un festival de trouvailles, d’essais fructueux toujours magnifiés, fluidifiés et malmenés par un gourou d’un autre monde…

S’il ne devait en rester qu’un titre : Spice of Choice.