"> Ritual Howls - Turkish Leather - Indiepoprock

Turkish Leather


Un album de sorti en chez .

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Ritual Howls, ça ne vous rappelle rien ? Les plus pointus reconnaîtront la griffe du DJ de Détroit, Shigeto, qui a signé le titre Ritual Howl l’année dernière, sur son album "No Better Time Than Now" sorti chez Ghostly International. Et...

Ritual Howls, ça ne vous rappelle rien ? Les plus pointus reconnaîtront la griffe du DJ de Détroit, Shigeto, qui a signé le titre Ritual Howl l’année dernière, sur son album « No Better Time Than Now » sorti chez Ghostly International. Et entre les deux, il n’y a qu’un pas puisque Shigeto n’est autre que le frère de Ben Saginaw, l’une des trois inconnues de l’équation avec Chris Samuels et Paul Bancell.

Avec cet album, le trio fait hurler le silence assourdissant de Détroit. Elle est Motor City, elle continue de fasciner et de marquer nos esprits, des ses ruines immortalisées par les photographes Yves Marchand et Romain Meffre à sa scène techno triomphante qui s’exporte toujours autant. Ancien berceau d’une industrie automobile florissante, elle incarnait la success story à l’américaine, un symbole de la modernité et du progrès. Elle est désormais désertée, figée, comme suspendue dans le temps.

C’est là, sur ces exacts décombres que Ritual Howls érige son superbe « Turkish Leather ». Une atmosphère lourde, oppressante au milieu de laquelle se construit et circule la mémoire des usines qui faisaient jadis la réputation du Michigan ; elle résonne – subtilement, mais sûrement -, faite de cliquetis métalliques et autres tintements industriels. Un délabrement palpable, mais omniprésent, fondement d’une créativité en effervescence, qui n’est là que pour mieux prouver qu’il en faudra davantage à Détroit pour être réduite à néant.

Cette base posée, la charpente du disque est à n’en pas douter assurée par les lignes de basse de Ben Saginaw, ronronnantes et moelleuses, qui turbinent à plein régime, accentuant la profondeur de la voix de Paul Bancell. Une voix caverneuse, ectoplasmique à souhait, qui défriche la brume électrique de Chris Samuels avec panache, rappelant des aînés illustres, entre Peter Murphy pour les influences post-punk et Nick Cave pour sa capacité à évoquer un voltage continu et puissant.

Pour autant, Ritual Howls ne propose pas une musique glaciale, aride et désertique ; le son se fait englobant et cinégénique à travers des gimmicks très western (The Taste Of You, Final Service). « Turkish Leather » pourrait être la bande-son d’une traque infernale à suivre sur grand écran en Dolby Stereo, calé dans un bon fauteuil bien moelleux. Il distille un suspense d’un autre genre, avec ses moments de tension (No Witnesses), de doute (Helm) et d’éclat (Turkish Leather) narrés par la voix habitante de Paul Bancell.

Ritual Howls signe avec ce « Turkish Leather » une poignante ode à la beauté fanée de Détroit, à un âge d’or révolu, mais témoigne aussi d’une renaissance artistique qui fait énormément plaisir à écouter. L’esprit de Détroit est toujours vivace et c’est la création qui s’en empare pour le démontrer.

Chroniqueur

Tracklist

  1. Zemmoa
  2. The Taste of You
  3. Take Me Up
  4. My Friends
  5. Final Service
  6. Helm
  7. No Witnesses
  8. Turkish Leather
  9. I'd Rather Not (Bonus Track)

La disco de Ritual Howls

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