Venu d’Oslo en Norvège, autant dire de l’équivalent d’Issoudun sur la mappemonde indie-rock, le quintet Rumble In Rhodos débarque avec ces "Intentions" des plus louables, et insuffle un peu de fraîcheur dans un style entre hardcore, post-punk et indie qu’on aurait volontiers laissé pour mort depuis plusieurs années. Rumble In Rhodos affiche une filiation assez […]

Venu d’Oslo en Norvège, autant dire de l’équivalent d’Issoudun sur la mappemonde indie-rock, le quintet Rumble In Rhodos débarque avec ces "Intentions" des plus louables, et insuffle un peu de fraîcheur dans un style entre hardcore, post-punk et indie qu’on aurait volontiers laissé pour mort depuis plusieurs années.

Rumble In Rhodos affiche une filiation assez nette avec At The Drive-In ou leur rejeton The Mars Volta, le chant (et les cris) du leader rappelant volontiers ceux de Cedric Bixler. Quant aux parties de guitare, si elles n’atteignent pas la puissance des sauvageries épileptiques de Rodriguez et Ward, elles constituent, par leur équilibre entre agressivité et richesse harmonique, l’une des forces principales de cet album.

Par ailleurs, la très bonne idée de Rumble In Rhodos est d’avoir retenu une des grandes leçons de leurs maîtres texans : au-delà de la rage, l’urgence, c’est bien la qualité de la composition qui permet à l’ensemble de décoller. Si l’on trouve donc ici une rythmique musclée et des guitares barbelées à souhait, on se réjouit surtout d’une écriture au cordeau, sur des bases finalement assez classiques, malgré un goût prononcé pour les structures alambiquées et les constructions de titres en lignes brisées. Dès le premier morceau, Paws, Claws And Alarm Clock Laws, l’habileté mélodique est évidente, et l’on serait en peine de trouver un défaut majeur à reprocher à ces huit titres. Les cassures rythmiques sont intégrées avec intelligence à l’ensemble, sans nuir à la cohérence de l’ensemble, ce qui est en soi une belle performance.

On pourrait louer de façon uniforme l’ensemble des titres, qui semblent avoir tous bénéficié d’un soin égal, mais l’on retiendra en particulier deux splendides passages. Tout d’abord cet intermède de guitare aussi rêveur que rageur, placé comme une respiration au milieu de Conducting Electricity, et que l’on retrouve presque à l’identique sous une forme plus rentre-dedans comme rampe de lancement pour The Function Of Colour. Ensuite, on soulignera le premier couplet de Harpoon Etiquette, où des guitares aux arpèges très influencés par Sonic Youth soulignent l’une des compositions les plus réussies de l’album.

"Intentions" n’a, il est vrai, rien de révolutionnaire, mais Rumble In Rhodos affiche une véritable maîtrise d’un genre mi-physique mi-cérébral qu’il n’est pas aisé de rendre aussi attractif : c’est assez pour faire de cet album une réjouissante cure de jouvence.

• Publication 229 vues5 décembre 2008
• Tags Rumble In RhodosBlack Balloon Records
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