Depuis 2001, avec l’avènement de groupes comme Interpol, !!!, LCD Soundsystem, The Rapture, ou encore Franz Ferdinand, on ne cesse de dégainer l’étiquette "Post Punk" pour caractériser le son de ces différentes formations. Simon Reynolds, ancien critique anglais du Melody Maker, y consacre un superbe livre de sept cent pages, "Rip It Up And Start Again", […]
Depuis 2001, avec l’avènement de groupes comme Interpol, !!!, LCD Soundsystem, The Rapture, ou encore Franz Ferdinand, on ne cesse de dégainer l’étiquette "Post Punk" pour caractériser le son de ces différentes formations. Simon Reynolds, ancien critique anglais du Melody Maker, y consacre un superbe livre de sept cent pages, "Rip It Up And Start Again", qui couvre l’histoire du post-punk de 1978 à 1984.
"Rip It Up And Start Again" présente l’émergence du mouvement post-punk, qui après le rock garage nihiliste du punk, cherche à repartir sur de nouvelles bases musicales. Ce changement viendra en imposant un son centré sur la rythmique : basse mélodique, batterie répétitive, guitare déployant des nappes sonores volontiers anti-rock, quand il ne s’agit pas uniquement de clavier et boîte à rythmes. Le livre évoque ainsi la noirceur de Joy Division, la satire de The Fall, l’esprit débridé de Devo, les expérimentations de Pere Ubu, le funk blanc de Talking Heads, les guitares anguleuses de Gang Of Four, l’electro-indus de Cabaret Voltaire ou encore la synth-pop de Human League, le Mutant Disco, la No-Wave… Dans ce fourmillement créatif, chaque groupe invente de nouvelles constructions sonores en piochant parmi diverses inspirations comme le funk, le reggae, le dub, la disco, la musique électronique de Kraftwerk, ou encore le son ambiant de Brian Eno.
"Rip It Up And Start Again" est particulièrement fourni en entretiens, critiques de disques, descriptions de concerts, de passages au Top Of The Pops, et donne furieusement envie de ressortir ces vieux disques que sont "Unknown Pleasures", "Metal Box", ou encore "Entertainment". Pour autant le livre n’est pas uniquement centré sur les différentes scènes musicales, puisque la démarche critique de Simon Reynolds replace constamment l’apparition de ces groupes par rapport à des considérations historiques (L’Angleterre de Margaret Thatcher, bien souvent), sociales (les villes industrielles détruites par le chômage), ou encore politiques (les Dadaïstes, l’Entrisme) ; un angle de lecture qui rend "Rip It Up And Start Again" tout bonnement passionnant.
Si l’on cherchait une suite à "England’s Dreaming" de Jon Savage, on trouverait en "Rip It Up And Start Again" un choix idéal. On constatera une fois de plus, que les éditions Allia ont fait un énorme travail sur ce livre, et continuent d’imposer une ligne éditrice exigeante et de qualité.
- Publication 138 vues30 juin 2008
- Tags Simon ReynoldsAllia
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