Skyscraper

Derrière ce "gratte-ciel" se cache un seul homme, qui sur ce premier album fait maison s’occupe de tout ou presque (une seule petite partie de flûte semble échapper à ses mains expertes). Avec une voix et un chant très inspirés par Thom Yorke (et un accent bien de chez nous sur les titres écrits dans la langue de Shakespeare et Mike Skinner), Skyscraper s’inscrit nettement dans la filiation du Radiohead électronique du début des années 2000.

James évoque une version mutante de l’immortel Stagger d’Underworld ; Lazy Eyes ou June Will Be Better, plus classiques, orchestrent la collision d’icebergs très new wave avec des expérimentations sonores et des recherches rythmiques plus actuelles. City Streets explore avec succès des contrées plus mélodiques, sur fond de guitare acoustique parasitée par une électronique de plus en plus présente au fil du morceau.

Ce premier album n’est pas exempt de défauts. On passera sur le son émacié, conséquence inévitable d’une production maison. On trouvera, sur le fond, plus à redire sur les quelques longueurs qui émaillent le disque. Skyscraper est beaucoup plus à l’aise dans le registre de l’électro-rock mélancolique que dans le costume du laborantin sonore, et les passages expérimentaux s’avèrent assez dispensables (Students et son emprunt aux Jeux d’Enfants de Bizet, Kafka Téléphone Maison, Résilience). C’est le bouleversant The Ministry Of Winter qui remporte la palme ; le morceau le plus simple de l’album en est aussi le plus réussi : de là à conseiller à Skyscraper de cultiver son talent de mélodiste évident et de laisser de côté une partie de ses bidouillages sonores, il n’a qu’un pas…

Les pistes creusées par Skyscraper sur ce "Wasted Waves Of Love" sont encore loin d’être totalement abouties, on aurait cependant tort de jouer les philistins : cet étrange mélange recèle de jolies surprises et de belles promesses.