Sofia

"Search And Destroy" s’attribue le sous-titre de "A Punk Lounge Experience". La jolie suédoise Sofia (dont le premier album avait été publié sous le nom de Krom) en est la figure de proue, mais l’on apprend bien vite qu’il s’agit avant tout d’un projet signé Carl-Michael Herlöfsson. Une intention dont l’originalité laisse pantois, puisqu’il s’agit de proposer une série de reprises de classiques "punk" à la sauce électro-trip-hop-lounge. Marc Collin et Olivier Libaux pourraient envisager une action en justice. Nouvelle Vague avait au moins eu le mérite d’exhumer quelques titres plus obscurs, de baser son approche sur une sélection plus pointue : ici, de Pretty Vacant à London Calling ou, bien entendu, Search And Destroy, on reste dans le très classique…

On croise ainsi les Stooges, les Ramones, les Sex Pistols, le Clash, Devo, ou de façon plus étrange, Led Zeppelin, Queens Of The Stone Age ou Nirvana au cours d’une promenade où tous les sommets, tous les reliefs semblent avoir été rabotés pour que ne subsiste plus de ces classiques qu’une énumération de titres, une morne plaine sonore retapissée de mélasse.

Les reprises, pas réellement désagréables au demeurant, s’enchaînent sans qu’aucune n’accroche l’oreille. Effectivement, écouter ces standards vidés de leur énergie primale, dépourvus de leur substance surprend un moment, mais bien vite l’ennui s’installe et l’évidence se fait jour : "Search And Destroy" pourra au mieux servir de fond sonore lors d’une soirée branchée, pour relayer Morcheeba dans les playlists du Buddha Bar ou pour boucher un trou sur une compilation Paris Première.

Pour le reste, on passera notre tour, et on restera en joue en attendant, logiquement, le prochain album qui nous proposera des reprises des classiques du punk ou du post-punk à la sauce électro-clash ou avec instrumentation klezmer. On ressort de cette écoute aussi poisseux qu’après un bain de marshmallow fondu, avec une seule envie, pressante : celle de ressortir d’urgence un classique punk, et redécouvrir l’excitation, l’urgence, la rage qui ont fait la véritable légende de ces titres.