Soy Un Caballo

Désormais, plus besoin de s’appeler Omar Sharif et de porter une moustache grisonnante pour aimer les chevaux. Thomas Van Cottom (ex-batteur de Venus) et Aurélie Muller (ex-Melon Galia, Raymondo) forment le duo mixte Soy Un Caballo (Je suis un cheval, I’m a horse, Ich bin ein Pferd, selon vos goûts). Originaire d’un pays où le ciel est si gris qu’un cheval s’est pendu, le groupe est signé chez le label bruxellois Matamore Recordings à qui l’on doit les très bons albums de V.O. et Raymondo entre autres. Voilà qui est plutôt de bonne augure.

"Les Heures de Raison" s’apparente à un compte de fée décliné au quotidien. L’atmosphère du disque se révèle très légère, poétique et riche. Car derrière les deux cavaliers, se cachent quelques autres pions de choix dont Will Oldham (Bonnie Prince Billy), Jesse D. Vernon (Morning Star) et Kate Stables (This is the Kit) pour ne citer qu’eux. Le tout produit par Sean O’ Hagan des High Llamas (qui viennent de sortir leur nouvel album, "Can Cladders", chez Drag City).

Le disque débute par une sympathique introduction suivie de Volet, un titre gentil mais un peu mièvre. C’est avec Comme On Va Bien que la machine se met réellement en route. Lorsque la voix candide d’Aurélie se joint à une instrumentation raffinée, on se trouve transporté dans un univers à la beauté infantile. On s’y promène avec allégresse et curiosité quand résonnent à nos oreilles des morceaux comme La Bibliothèque, Robin ou But Will Our Tears. On se montre plus réservé quant aux featurings de l’album. La Chambre avec tonton Oldham (qui chante en français) et La Droiture avec Jesse D. Vernon ont quelques difficultés à s’envoler, comparées à la plupart des autres plages. Passer des Jours referme merveilleusement "Les Heures de Raison" avec un synthé nostalgique et les voix d’Aurélie et Thomas en symbiose.

Bien que deux ou trois titres aient besoin d’un bon coup de cravache, cela n’enlève en rien à la magie et à la qualité de "Les Heures de Raison" qui, pour rappel, est leur première réalisation. Faisant la nique à tous les vieux canassons et poulains dégénérés qu’on nous sert à longueur de journée à la radio, Soy Un Caballo apporte un grand vent de fraîcheur au monde de la chanson francophone.