"> Sudden Infant - Wölfi's Nightmare - Indiepoprock

Wölfi’s Nightmare


Un album de sorti en chez .

7

L'expérience du bruit

Sudden Infant n’est pas spécialement l’archétype d’un pop-rockeux sucré, il semble plutôt du genre à fréquenter assiduement les instituts psychiatriques. Du moins, les productions du Suisse ont toujours été le théâtre d’expérimentations vers le côté obscur. Dans la droite ligne des Suicide ou des Throbbing Gristle, on se situe clairement dans une nébuleuse indus bruitiste. On voit bien ce genre de bande son dans une performance SM ou de scarification, dans une salle obscure transpercée par des spots frénétiques. Voilà donc pour ce qui est de la schématisation de l’Helvète dérangé.

Quelle ne fut pas notre surprise et notre intérêt, par causalité, quand nous avons appris la collaboration avec Voodoo Rhythm Records pour ce nouvel album paru en 2014 « Wölfi’s Nightmare ». En effet, Voodoo Rhythm est plus connu pour un catalogue composé de one man bands bluesy, de rockabilly, garage country. Que pouvait bien ressortir de la rencontre de ces deux mondes sans terrain d’entente apparent ?

Cette excitation de l’attente d’un style hybride nouveau s’estompe en quelques secondes, on a droit à du Sudden Infant pur et dur. Il nous revient tout de même la charge de vous en décrire les démons…

Dès le titre éponyme introductif, sur fond d’agressions métalliques syncopées notre « ami », débite dans un non rythme des mots, des idées, sans structure lexicale apparente, mais le verbe haut. Des sèmes sonores, parfois même des onomatopées, Sudden Infant envoie des scuds qui font mal, tant par la voix que par sa console. Quand sur Crane Boy II on croit distinguer une approche plus jazzy, inquiétante soit, mais plus audible à nos oreilles normalisées, une explosion sonore et vocale, en décalage complet, vient nous sortir de notre illusion du confort.

Nous n’enfoncerons pas plus les portes ouvertes du genre, « on s’inquiète pour le monsieur », on n’en a déjà assez fait, il s’agit là de vivre une expérience à part dont les quelques bribes de semblant de mélodies maintiennent notre attention. « Wölfi’s Nightmare » demande un effort particulier, mais préfigure aussi des directions trop peu explorées dans la composition musicale. Comme une version indé – plus poétique –  de Ministry, on ressent, si tant est qu’on en soit prédisposé, une espèce d’attirance pour le malsain.

Sudden Infant est donc définitivement un prêcheur d’un autre monde, qui n’atteindra qu’un public des plus parsemés, enclin à la noirceur, au dérangeant, à  l’expérimentation et … à la musique (paramètre qui le détache d’une grande partie de ses confrères)

S’il ne devait en rester qu’un titre : Kiss.

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La disco de Sudden Infant