Troisième album pour Temples et déjà le sentiment d'un moment crucial.
La courte carrière de Temples est ce qu’on appelle une histoire simple qu’on ne cherchera pas à surcharger. Un look et une dégaine qui fleure bon les années 70, en symbiose avec leur musique, tout en pop psyché, avec un vrai potentiel séducteur qui les a vite mis dans les petits papiers de pas mal de monde en 2014 quand est paru « Sun Structures » leur premier album. Est ensuite venu l’inéluctable moment où il a fallu penser la suite, et Temples ne se sont pas embarrassés de questions existentielles en offrant « Volcano » en 2017, successeur évident de « Sun Structures ». Tellement évident que, sur « Volcano », Temples paraissaient réciter leurs leçons psyché avec tant d’application que l’expression « groupe en pilotage automatique » a rarement paru aussi appropriée. Conséquence immédiate, Temples est apparu comme un groupe qui, à trop vouloir bétonner sa musique, a précisément montré l’étendue de ses limites. C’est donc naturellement que « Hot Motion », aussi cruel soit l’angle sous lequel on aborde cet album, apparaît comme un juge de paix, autrement dit le disque qui redistribuera les cartes et prouvera que Temples sont capables de faire autre chose que délayer une formule à l’envi, ou au contraire celui qui les fera basculer vers un déclin annoncé.
Et le problème avec « Hot Motion » est qu’il ne laisse hélas que peu de place au doute. Dès l’entame, on retrouve les éléments classiques de la recette Temples : mélodies (qui se veulent) virevoltantes, chant légèrement en écho pour accentuer l’impression aérienne sans doute. Dire qu’il n’y a aucun changement avec « Volcano » n’est toutefois pas exact, sauf que les retouches à la marge sont de mauvais choix : là où le groupe avait recours à des éléments organiques pour porter sa pop planante, il opte cette fois pour une approche plus métronomique et synthétique. Si bien que, tout le long de l’album, on a la sensation que la rythmique est la même et s’appuie sur une batterie électronique emphatique et sans âme. Not Quite The Same, ou pire encore, Atomise sont des sommets de lourdeur grandiloquents qui ne sont pas loin d’évoquer le pire de Queen. Pour se réconforter, autant que possible, on se rabat sur les moments où Temples se contentent de trousser de bonnes mélodies pop, notamment sur The Beam ou Holy Horses, mais ces moments sont très loin de racheter l’impression générale qui se dégage de « Hot Motion ». Et, comme on pouvait le craindre, sauf énorme surprise, on peut d’ores et déjà se préparer à laisser Temples de côté.
Tracklist
- Hot Motion
- You're Either On Something
- Holy Horses
- The Howl
- Context
- The Beam
- Not Quite The Same
- Atomise
- It's All Coming Out
- Step Down
- Monuments