Tender Forever

Il est bien loin le temps où Mélanie Valera, alias Tender Forever, jouait dans un grenier ou dans les rues bordelaises. Après avoir été révélée suite à sa rencontre avec Calvin Johnson et deux premiers albums sur le label K Records, ce troisième disque distribué en France par le label girondin Vicious Circle ressemble à une confirmation.

Celle qui vit entre Portland et Bordeaux a mûri. La chanteuse se libère. Sa voix est parfaitement mise en valeur par une orchestration minimaliste qui tourne autour d’un beat répétitif. On pense à Sinead O’Connor lorsque l’on entend le refrain du premier titre intitulé Got To Let Go, le même timbre de voix, le même utilisateur de l’espace, la même sincérité dans la façon de chanter. Pour ce qui est du style, Tender Forever est inclassable et unique et c’est en cela qu’elle est attachante et fait tomber dans l’addiction. Ses mélodies sonnent comme de la soul arrangée façon electro. Une musique très personnelle qui porte sa voix tout au long de ces neuf chansons. Des compositions originales qui sortent du conventionnel actuel à savoir la musique folk jouée par des hippies, le garage dépoussiéré par des baby rockeurs à mèche ou le psychédélisme chevelu. Elle a au fond d’elle cette douce folie créatrice que l’on retrouve chez Björk (Only Sounds You Made) ou bien chez les sœurs de Cocorosie et qu’elle laisse s’exprimer particulièrement dans ce dernier album. Que dire par exemple de cet hymne intitulé Like The Snare That’s Gone aux couleurs ethniques dont le refrain résonne dans notre tête dès la première écoute ?

On regrettera la durée du disque, à peine trente minutes, trop court pour s’imprégner totalement de l’environnement de la jeune fille dans lequel on a de plus en plus envie de rentrer.