The Avalanches demeurent ces incomparables sorciers du son, maîtres indétronables du centon musical. Irrésistible et démoniaque.
Il aura fallu 16 ans pour retrouver la folie totale de The Avalanches. «Since I Left You » a résonné longtemps dans mes enceintes successives, et toujours la même vague incroyable m’a emporté. Une énergie finalement indéfinissable, aux frontières de la santé mentale. C’est peu dire que ce disque a accompagné de nombreux épisodes plus ou moins avouables d’une existence quasi entièrement sonorisée. Alors que paraît « Wildflower » la même impression de chaos régénérateur emplit la pièce qui tremble comme jamais. La même noirceur conjurée sous des tonnes de samples et de dialogues pour générer la musique la plus salement hybride qui soit. On ne sait plus si l’on écoute du hip hop, du rock, du jazz, de la musique électro, une bande originale partie en vrille.
Ce que l’on écoute c’est sans doute le délire le plus intelligent que l’on puisse entendre en ce moment. Très peu d’artistes ont su, ou voulu incarner, la culture pop(ulaire) dans sa diversité invraisemblable, son immense grandeur (comme dans sa fatuité), sa lutte inouïe pour faire encore sens dans un monde où l’art a définitivement été digéré par le mercantilisme. La peinture a eu Andy Warhol pour signifier ce renversement historique, la musique a The Avalanches. Même usage intensif des codes marchands, des images assénées comme des mantras consuméristes, même folie reproduite jusqu’à la saturation, même déconstruction puis reconstruction forcenée.
Le génie de The Avalanches c’est la capacité du groupe à transformer le trop plein, le déferlement, le désordre sans nom qu’est devenu notre présent – rongé par les images à doses massives, les produits périssables, les courses effrénées dans des transports de plus en plus rapides – en une somptueuse bannière, au fond beaucoup plus cohérente qu’il ne semble. En tout cas cette musique, composée à partir de fragments, est d’une modernité fulgurante.
Elle raconte l’unité à partir d’une diversité a priori inconciliable. Accessoirement, elle fait danser comme un malade et, dans sa quête effrénée d’un mur du son absolu, fait parfois penser, mais oui, à My Bloody Valentine.
- Publication 1 079 vues31 août 2016
- Tags The AvalanchesXL Recordings
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Tracklist
- The Leaves Were Falling
- Because I'm Me
- Frankie Sinatra
- Subways
- Going Home
- If I Was a Folkstar
- Colours
- Zap!
- The Noisy Eater
- Wildflower
- Harmony
- Live a Lifetime Love
- Park Music
- Livin' Underwater (Is Somethin' Wild)
- The Wozard of Iz
- Over the Turnstiles
- Sunshine
- Light Up
- Kaleidoscopic Lovers
- Stepkids