18 ans après, on prend les mêmes et on recommence !
Quand on parle du retour de vieilles gloires (The Jesus And Mary Chain sont actifs depuis le milieu des années ’80 mais n’avaient plus sorti de nouvel album depuis 18 ans), on peut, suivant ce que l’on en dit, soit se faire taxer de nostalgiques qui ne savent pas évoluer ou au contraire de jeunistes qui ne connaissent pas leurs classiques. Avec les frères Reid, la donne est différente. Car, en gros, à l’époque de leurs premières productions, au sommet desquelles trône « Psychocandy », ils ont indéniablement, imprimé une marque : des mélodies qui doivent tout à la pop, mais égrenées en mid-tempo d’une voix volontairement lymphatique et portées par des guitares plutôt acérées mais qui préfèrent les accords emphatiques aux riffs rageurs. Dans la foulée, nombre de groupes ont adapté la formule, de Slowdive à My Bloody Valentine en passant par Ride, en y apportant quelques variantes et donné corps à ce qu’on a appelé la noisy-pop. Et, pour cela, Jesus And Mary Chain restera pour l’éternité un nom important. Car, pour le reste, ça fait longtemps (disons depuis le milieu des années ’90), que deux camps se font face : il y a d’un côté les fans indéfectibles, heureux à chaque fois de retrouver la même formule déliée à l’envi, album après album, sans lassitude. Et puis il y a les autres, qui, s’ils reconnaissent que « Psychocandy » est un album important, en ont vite eu assez d’avoir la sensation d’écouter chaque fois la même chose.
Et, en 2017, devinez quoi ? Rien n’a changé ! Alors si « Damage And joy » est un événement parce qu’il met fin à près de deux décennies de silence, il ne faut pas compter sur cet album pour réconcilier les deux camps, si tant est qu’ils existent encore. Le mieux est donc de se laisser porter et de dresser quelques constats : le premier, c’est que, mine de rien, le son des frères Reid tient encore la route. D’Amputation à The Two Of Us, les guitares mènent la danse, ni plus grasses, ni plus faiblardes qu’avant. Le second est que la paire n’a rien perdu de sa faculté à trousser des morceaux qui coulent bien, sans forcer leur nature (War On Peace, Los Feliz (Blues And Greens), Mood Rider). Et puis, à la fin, on trouve aussi que quatorze morceaux, c’est un peu beaucoup et qu’une grosse dizaine aurait suffi. Bref, « Damage And Joy » est un album de The Jesus And Mary Chain, les frères Reid ont toujours leur côté gentiment je m’enfoutiste qui a pu en agacer certains, mais ils prouvent que, finalement, ils sont certainement moins aigris et cyniques que beaucoup. Et ça c’est bien.
- Publication 1 113 vues29 mars 2017
- Tags The Jesus And Mary ChainWEA
- Partagez cet article