"> The Knife - Silent Shout - Indiepoprock

Silent Shout


Un album de sorti en chez .

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A côté de combien d’albums passons nous dans notre vie à cause d’un jugement hâtif ? Un amalgame avec The Field m’avait fait survoler trop rapidement ce « Silent Shout » lors de sa sortie et mon idée la plus intelligente de tout 2008 a sans doute été de le réécouter. Les plus chanceux connaissent le duo suédois […]

A côté de combien d’albums passons nous dans notre vie à cause d’un jugement hâtif ? Un amalgame avec The Field m’avait fait survoler trop rapidement ce « Silent Shout » lors de sa sortie et mon idée la plus intelligente de tout 2008 a sans doute été de le réécouter. Les plus chanceux connaissent le duo suédois depuis leur album précédent, porté par le superbe single Heartbeats, étrange ballade électronique tendre et mélancolique, remise sur l’avant de la scène par une étonnante reprise de José Gonzalez, transformant cette chanson pour dancefloor en triste chant à la guitare sèche.

Difficile de décrire la musique du duo qui défie toute tentative de classement, trop électro pour être rock, trop pop pour être électro, trop sombre pour être pop… Il n’y a guère que Royksopp ou Hot Chip pour prétendre à une vague comparaison. Le groupe réussit en tout cas l’exploit de parler à la tête et au corps, d’être à la fois sombre et dansant et de surprendre tout en restant accueillant. Si vous croyez qu’on ne peut être simultanément accessible et ambitieux, entraînant et angoissant ou étrange et attachant, jetez donc un coup d’oreille à cette œuvre venue du Nord. Ce n’est pas là du blabla de critique mais une conclusion inévitable, dès que les notes électroniques de la chanson titre ouvrent l’album, on a envie de danser, de bouger tandis qu’une sorte de menace flotte et ne nous quittera pas de l’album. Les voix chuchotées et modifiées par ordinateur, les basses implacables et un étrange synthétiseur aux sonorités froides sont une invitation à la fois à entrer en transe et à courir se réfugier le plus vite possible… plus la chanson avance, plus la musique devient intense et jouissive, plus la menace semble tangible.

Rarement l’adéquation entre musique et thèmes des chansons aura atteint un tel niveau. Ainsi Silent Shout évoque réellement un cri contenu, Forest Family est un crescendo perpétuel sur cette jeunesse dont la colère gronde mais semble condamnée à ne jamais s’exprimer, Na na na semble aussi dérangée dans ses paroles que sa musique et One Hit, diatribe anti-machisme, contient suffisamment de jeux sur la forme que l’on pourrait probablement y consacrer une thèse. Pourtant, tout en étant perpétuellement inventif, cérébral et parfois sinistre, chaque chanson est sublime et, c’est là l’exploit, presque toujours directe. Marble House est une majestueuse ballade hypnotique, Like A Pen un tube pour Super Nintendo et We Share Our Mother’s Health un hymne entêtant et irrésistible où les rythmes digitaux soutiennent des voix qui finissent par s’entremêler dans des harmonies dignes des plus grandes groupes des années 60.

Au final le groupe réussit sur cet album un sans faute en nous bombardant d’émotions contradictoires, en proposant une musique pleine d’idées, sans jamais sacrifier la mélodie ou le rythme, et en arrivant à nous faire danser, planer, sourire et changer un peu notre vision de la musique. L’album peut se targuer d’être une des plus fascinantes surprises de ces dernières années et on regrettera amèrement que plus de deux ans après sa sortie un peu partout dans le monde, il ne soit chez nous disponible qu’en import (comme quoi, être élu album de l’année par nos collègues de Pitchfork n’ouvre pas toutes les portes).

Chroniqueur
  • Publication 769 vues7 mars 2009
  • Tags The KnifeRabid
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Tracklist

  1. Silent Shout
  2. Neverland
  3. The Captain
  4. We Share Our Mothers' Health
  5. Na Na Na
  6. Marble House
  7. Like a Pen
  8. From Off to on
  9. Forest Families
  10. One Hit
  11. Still Light

La disco de The Knife

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