The Night Marchers

Les « nights marchers », dans la mythologie hawaïenne, sont les fantômes d’anciens guerriers, qui errent en troupe dans certains lieux choisis de l’archipel. Autant l’avouer, on a bien failli envoyer ces zombies se faire cuire un poulet huli-huli à Honolulu… et on aurait eu tort. Aux premières écoutes, on repère avant tout les aspects […]

Aux premières écoutes, on repère avant tout les aspects les plus caricaturaux de ce rock garage débraillé : guitares mal accordées (ou savamment désaccordées), son émacié, voix étranglée et nasillarde, rappelant parfois le Elvis Costello des premiers albums. Une fois passé le cap de l’acclimatation, on redécouvre pourtant un véritable talent d’écriture ; ce punk garage affreusement régressif est l’occasion pour John Reis, alias Speedo (un ancien de Rocket From The Crypt) de dégainer quelques compositions très efficaces. In Dead Sleep (I Snore ZZZZ) exhume les rythmes primitifs des Queens Of The Stone Age pour les marier aux refrains irrésistibles des Ramones. Et des bons refrains, un peu gras mais redoutables nonobstant, on en trouve à la pelle, de Jump In The Fire à I Wanna Deadbeat You, en passant par Bad Bloods ou And I Keep Holding On.

Au-delà de ce pré carré assez limité, You Got Nerve aurait pu être une très intéressante tentative, si sa mélodie n’était pas gâchée par un chant franchement à côté de la plaque. Dans un registre plus calme, Panther In Crime est également plus crédible.

Direct sans être trop primaire, énergique sans être systématiquement bourrin, ce premier album des Night Marchers impose un rock décalé, sans prétention et savoureux comme une bonne série B. "See You In Magic" est trop hétéroclite, pas assez compact pour être un excellent disque (47 minutes, c’est bien trop pour un album punk) mais il nous permet de passer quelques moments bien sympathiques avec ces fantômes rigolards.