The Orielles est un joyeux trio anglais d'Halifax. Auteurs de l'un des meilleurs singles de l'année 2017, une magnifique odyssée indie rock nommée Sugar Tastes like Salt, ils ont ensuite dévoilé leur premier album studio. Décryptage de "Silver Dollar Moment".
La jeune génération du rock anglais a encore prouvé qu’elle avait beaucoup à offrir (mais ça on le savait). Entre la pop sucrée de Superorganism, les enragés de Shame et de Yonaka, The Orielles est arrivé en 2017 comme la relève du rock indie. Après leur premier single qui leur a permis de se faire connaître du grand public, ils ont dévoilé dans la foulée leur premier album au début de l’année 2018.
Ecouter « Silver Dollar Moment », c’est se replonger dans le rock indie traditionnel : les guitares avec la réverbération poussée à fond, l’atmosphère planante et la batterie légère et joueuse. Pourtant, loin de bêtement singer les maîtres du genre, The Orielles ont sorti un album frais, spontané et plein de subtilités.
Les 12 titres forment un ensemble musical cohérent et dynamique. La production est soignée sur chaque chanson, tant et si bien qu’il est difficile de trouver une piste avec moins d’impact. Chaque titre (ou presque) offre une petite merveille, très spontanée, de riff de guitare. Dans Sunflower Seeds, 48 percent ou Let Your Dog Tooth Grow la recette est la même : une maîtrise innée des codes du rock indie, remaniés par les influences musicale actuelles. Les titres s’enchaînent dans un tourbillon de rock-indie à un rythme soutenu, l’auditeur étant emporté dans un univers que l’on imagine coloré, psychédélique et sucré. Le rythme ralentit pourtant au milieu de l’écoute avec Liminal Spaces et son compagnon The Sound of Liminal Space. Une petite pause bienvenue, avant de repartir de plus belle.
Les paroles ne sont pas évidentes à décrypter. Le premier niveau de lecture des thèmes abordés dans cet album cryptique est très (trop ?) mondain : des dents du chien à la bouteille achetée uniquement pour l’étiquette, il est difficile de mettre le doigt sur un deuxième sens aux paroles (s’il y en a un ?). Heureusement, les arrangements musicaux forment à eux seuls un séduisant mélange entre instantanéité rock et complexité de composition qui nous permet de rentrer dans l’univers de The Orielles malgré ce manque.
Marque de cette nouvelle génération de musiciens, les Anglais arrivent à intégrer des éléments tout à fait surprenants dans leur décor musical, à la manière d »un groupe comme Superorganism : des sons de cloche sur Sunflower Seeds, une batterie bien plus joueuse sur Mango et 48 percent ou encore de la flûte sur Henry’s Pocket. L’album est fait sans complexes, dans un esprit bricoleur (allez voir les clips, ils valent le détour) et joueur, et ça se ressent à l’écoute, pour notre plus grand plaisir !
S’il faut vraiment souligner un point un peu plus négatif de ce premier opus, c’est le manque de relief dans le chant, tout au long de l’album. La voix rêveuse d’Esmée reste assez monotone sur presque tout le disque, ne prenant du caractère que sur l’irrévérencieux Snaps. Un peu tard.
Avec un premier album catchy, séduisant et maîtrisé, le groupe est sur de bons rails pour la suite. « Silver Dollar Moment » apparait plein de promesses pour le futur, et l’on suivra les aventures de The Orielles de près. Capable de transmettre toute cette énergie débordant du studio sur cet album en live, c’est un groupe à ne pas rater en concert ! Ils passeront à Rock en Seine le 24 août prochain, ne les manquez pas.