L’échine est d’un coup parcourue par un grand frisson, réaction incontrôlable à l’écoute de la voix grave, caverneuse de Taylor Kirk sur le cinquième album du trio canadien Timber Timbre, "Hot Dreams" qui paraît fin mars sur le...
L’échine est d’un coup parcourue par un grand frisson, réaction incontrôlable à l’écoute de la voix grave, caverneuse de Taylor Kirk sur le cinquième album du trio canadien Timber Timbre, « Hot Dreams » qui paraît fin mars sur le label londonien Full Time Hobby.
Un album qui vient trois ans après « Creep On Creepin’ On » et toujours une mystique du territoire hostile, qu’il soit celui du lonesome cowboy perdu au milieu des canyons arides ou celui du monstre humain exhibé de foires en cirques, qui décrit la complainte des misfits, de ceux qui, inadaptés, resteront toujours en marge.
Plus varié, « Hot Dreams » semble moins tranchant dans son caractère que ses prédécesseurs, au risque de délaisser une certaine cohérence d’ensemble. La grosse surprise du disque est incontestablement Hot Dreams, morceau qui donne son titre à l’album et qui, apaisé, transpire de sensualité. Impression exacerbée tant par ses paroles que par son saxophone entreprenant, très éloigné de ce à quoi le trio de Taylor Kirk nous avait habitués.
En confiance, Timber Timbre s’essaie à d’autres sentiments et s’autorise même quelques embardées du côté des studios Sun, à Memphis, avec cet étonnant Run From Me dont la longue introduction sonne presque comme un ancien enregistrement d’Elvis Presley… avant de virer sur un crescendo bouleversant aux chœurs appliqués et aériens.
Certes éclectiques, les bases du disque restent inchangées et la plupart des titres sont teintés d’une couleur sombre, pris au cœur de la tourmente. Le doux spleen de Taylor Kirk demeure palpable, à l’instar de This Low Commotion et The New Tomorrow qui sont les plus fidèles à ses précédentes compositions, en termes de structure et de sonorités.
En définitive, « Hot Dreams » est déroutant. La posture est la même et fait la part belle à la méditation. Seulement, la fluidité, l’enchaînement des titres semble moins évident. Et le pluralisme du disque s’observe aussi dans l’inversion des rôles joués par les instruments. Quand « Creep On Creepin’ On » versait dans le lyrisme de son principal acteur, le violon, c’est ici le saxophone qui, de ses notes nostalgiques et chaleureuses, impose son exaltation. Mais toujours avec beaucoup d’élégance.
- Publication 1 059 vues31 mars 2014
- Tags Timber TimbreFull Time Hobby
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