Une musique rayonnante et rêveuse. Superbement électrifiée...
On va tout de suite lâcher la référence incontournable, qui constitue probablement l’ADN de Venera 4… My Bloody Valentine. Voilà c’est fait… A présent, passons à la singularité de ce groupe parisien, qui pratique le mur du son comme d’autres le vélo. Naturellement, presque charnellement. Mélodieux, pop, psychédélique… Electro, noise… Mais surtout, surtout Venera 4 est maître dans l’art des atmosphères vaporeuses. Qu’il décline en utilisant toutes les couleurs, rugueuses puis douces, de son nuancier musical fantastique. On évitera la séquence nostalgique (oui, « Eidôlon » nous ramène, quand on a dépassé, légèrement hein, la quarantaine, au plus brûlant de MBV, et donc à tant de souvenirs personnels et générationnels. Le temps passe quoi, tout est dit), on évitera le syndrome du vieillissement précoce, « c’était mieux avant… rappelez-vous », pour mieux dénigrer une démarche rétro-futuriste. vintage tout ça.
On plongera plutôt à corps perdu dans ce merveilleux disque shoegaze, qui possède la grâce et la culture (tordons le cou une bonne fois pour toutes à ce débat sans fin qui agite le monde de l’indie-pop : « mais on ne fait que recycler le passé ». Et depuis quand avoir de la culture, des connaissances, des références, et s’en servir, serait une erreur ? Connaître les bases, ses classiques, son alphabet artistique est une chose bouleversante et infiniment noble et digne. Et aujourd’hui, agir avec le respect des œuvres passées, puis les porter et les déposer plus loin, les transmettre en en mot, est primordial. Plus que nécessaire. C’est un devoir brûlant, un plaisir coupable (puisque le savoir c’est mal). Venera 4 était une sonde spatiale soviétique qui fut la première à réussir à transmettre des données. Et c’est exactement ce que fait son incarnation musicale.
Garder vivant, pertinent, actuel, un son précieux. Voilé, reverbé jusqu’aux limites techniques acceptables. Une musique totalement satellisée. Puissante et lumineuse. Portée par des voix mélancoliques. Ou prises dans les flots furieux, tout en résonances. Une musique rayonnante et rêveuse. Superbement électrifiée.
- Publication 1 367 vues7 mai 2015
- Tags Venera 4Requiem pour un twister
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Tracklist
- Pygmalion
- Red Blooms
- Black Paws
- Eidôlon
- 3 Studies for a Portrait
- Aimer Ann
- Orange
- Some Girls
- Colored Fields
- Metal Shells