Yonatan Gat

La folie expérimentale d'un guitar hero.

Cela commence par des chœurs traditionnels qui au bout de 30 secondes, au prix d’un pont digne de la BO d' »Orange Mécanique » explose dans une orgie rythmique démembrée, quelques cuivres et une six cordes discrète, même dans le solo, en ligne de fond. Voilà comment Cue The Machines introduit le troisième album solo de Yonatan Gat, « Universalists ». Il s’agit ici de métissage entre culture traditionnelle et forte tendance expérimentale jazzy.

Sur certains morceaux comme Fading Casino on pense parfois aux SUUNS pour cette capacité à marier tentatives orchestrales et douceur du rendu alors qu’à d’autres moments, le propos se veut urgent et martelé, cf l’instrumental bruitiste Cockfight. Ces deux titres s’enchaînent et sont suivis par tout autre chose avec le chamanico-psyché Medecine, car s’il y a bien quelque chose qui ne colle pas à la démarche de Yonatan Gat, c’est le confort et le terrain conquis. Le seul fil conducteur que l’on peut trouver dans tout l’album, c’est le désir farouche de toujours proposer des arrangements à la guitare originaux, avec des sonorités jamais hors de propos mais absolument pas évidentes.

Beaucoup de cuivres et un travail de production, les ordinateurs ont pris une part importante dans la réalisation de l’opus et finissent de brouiller les pistes d’un disque qui ne s’aborde pas facilement, sur lequel on ne revient pas forcément goulûment, car la digestion est longue. Mais en revanche il est clair que l’on parle de ces oeuvres que l’on respecte pour leur prise de risque constante, en ne perdant que très rarement leur musicalité. « Universalists » est de ces disques que l’ont prend plaisir à écouter quand le paysage musical nous semble un peu trop plat. Ici, il n’y a que relief et route accidentée, c’est parfois épuisant mais Yonatan Gat a le mérite de nous offrir un album consistant, radical et furieusement à part.