"> Interview de Aaron - Indiepoprock

Interview de AaRON

Interview de Aaron

Aaron, c’est un groupe que tout le monde connait sans le connaitre pour l’avoir entendu dans la B.O de « Je vais bien ne t’en fais pas », ils suivent leur chemin depuis 10 ans 4 albums et des concerts partout dans le monde. 10 ans après notre première interview du duo, les parisiens d’Aaron ont fait du chemin… C’est à l’occasion de la dernière date de leur tournée que nous avons pu échanger un bon moment avec Simon. 

 

Tout d’abord comment ça va ? Après presque 2 ans de mise en lumière de votre dernier album« We cut the night » ?
Simon: 
Ça va vraiment bien, je suis un peu sur les nerfs quand même parce qu’on termine la tournée et c’est très excitant, galvanisant, et plein de bon moments mais on sent que c’est la dernière ligne droite. Là on part pour Bucarest pour un gros concert en Roumanie juste avant, et on terminera par Pleyel.
Et puis je suis encore dans la tournée, et en train de me dire que voilà que ça se termine.
C’est toujours étrange tout ça. On a un programme sur plusieurs années et puis d’un coup il faut refaire son programme donc c’est intéressant.
Donc Ça va très bien, je suis ravi de tout ce qu’il s’est passé avec ce troisième album.

 

Super ! Nous aussi. Justement concernant l’album, à quoi ressemble le processus de création musicale chez Aaron? texte en premier ? Structure musicale en premier ? Est ce le même processus systématique ?
Simon:
C’est vraiment une histoire de rebond.  Avec les années  je pense qu’on a trouvé une espèce de dialogue Olivier et moi,  qui est de plus en plus sans parole bizarrement. On sait très bien ce qu’on a envie de faire au moment où on a envie de le faire, on s’influence beaucoup l’un et l’autre aussi. De plus en plus les traits qui se définissent c’est que le sentiment premier ça peut être moi qui va l’amener par rapport à la sensation qu’on a envie de marquer. Et puis Olivier va creuser le détail des choses. Je crois que c’est vraiment l’équilibre qu’on trouve là dedans.
Après c’est complètement anarchique, il n’y a pas de rôle bien défini, à part le texte dont je m’occupe mais une fois qu’on voit la direction qu’on a envie de prendre ce que l’on aime vraiment tous les deux. Ce qui nous relie c’est qu’on aime essayer. On n’a vraiment pas d’interdit dans le travail. Donc oui c’est assez difficile à définir mais ça part que d’envie de pulsion, d’envie, y a pas vraiment de choses qu’on s’interdise.
En fait que ce soit dans le style, dans le genre, dans les instruments utilisés, dans les mélodies, on a cette chance là aussi d’avoir eu,du succès immédiatement et que les gens continuent de nous suivre.
Effectivement ça va faire 10 ans a la fin du mois, 10 ans ça passe en deux secondes. Et du coup je pense que ça nous a conforté dans notre création de se dire qu’il fallait qu’on prenne des risques, qu’on fasse exactement ce qu’on a envie de faire. Et peut être qu’un jour on se plantera mais là ces trois albums là ont été tellement bien accueillis que c’est fou ce qu’il nous arrive. Donc autant rester là-dessus dans notre dialogue à nous.

Ça m’amène à la question suivante. On a vu beaucoup de groupes splitter à cause d’embrouilles et vous restez complice Olivier et toi.
Simon: 
Oui je pense qu’on reste complice, mais ça veut dire aussi qu’entre les albums on fait des choses chacun de notre côté. Surtout on prend vraiment le temps parce que 3 albums c’est pas énorme non plus dans l’absolu. Donc oui je pense que complice c’est le mot, on se comprend, je l’aime profondément, on est sur la même longueur d’onde. On aime nos familles, nos potes. Voilà, après on n’est pas que tous les deux, enfin peut être que la vision des gens c’est deux mecs H24 ensemble enfin il y a toute une équipe avec nous.

Oui
Simon: Ce qui est donné au public c’est la partie émergée de l’iceberg mais il y a l’équipe de création, de vêtements, de lumière de scène, enfin il y a tellement de gens. C’est vraiment au moment de la création qu’on se retrouve tous les deux et ça c’est un trésor à chérir d’être sur la même longueur d’ondes, d’être autonome et de ne pas dépendre d’autres que nous.

Que ça continue!
Simon:
(Sourire) J’espère ! (rires)

Comment vous attendez Pleyel ?
Simon: Je ne sais pas.

C’est la dernière, the last one et aussi parce que c’est une salle que vous avez déjà faite pour la fin d’une tournée.
Oui, après elle a été refaite en même temps donc c’est ça qui nous intéressait aussi. C’est que le son et l’aspect physique sont différent. Maintenant il y a une fosse, donc ça c’est une nouvelle aventure pour les gens de Pleyel et on avait envie de rentrer là-dedans aussi, parce que c’est des gens qu’on connait.
Et puis, comment je l’envisage moi je ne sais pas. De toute façon je suis un traqueur, j’ai le trac, et c’est comme ça. Mais c’est pas tant cette date là, c’est plus le symbole de la date. Parce qu’il y aura les amis, les amours, les familles et voilà il y a tout ça qui est là bas, et du coup ça prend une autre proportion pour nous.
Bon en même temps, là je suis déjà dans le concert de Bucarest parce que c’est le prochain et du coup, et puis ce soir il y a cette exposition que Damien Blottière fait sur nous et on a plein enchaînements dans la semaine qui vient, qui font du coup que tu ne dors pas beaucoup, mais c’est génial.
Par exemple l’expo de ce soir elle me passionne parce que c’était un truc que je voulais faire depuis des années de marquer le mouvement, de le découper. Et qu’il y ait cet artiste qui ait décidé de rentrer dans notre aventure, de le faire et que ça existe et bien je trouve ça génial parce que c’est de l’impalpable, de la matière qu’il en coule et c’est assez intéressant.
Du coup il y a plein de choses, c’est assez fort en sensations comme parcours final pour We cut the night.

Oui l’apothéose finale.
Simon:
Oui j’espère, on verra. Si on se plante ce n’est pas grave. C’est ce que je me dis aussi.

Est ce que vous avez prévu une surprise pour Pleyel ? Un nouveau morceau ? Un groupe invité comme au Yoyo ?
Simon: On a des choses qui se dessinent, après ça change tous les jours parce que les emplois du temps de chacun sont compliqués. Ce qu’on veut faire aussi c’est se faire plaisir  donc on n’a pas envie de tout bouleverser. Bien sûr il y a des choses qui changent parce que la tournée a évolué en deux ans. Il y a des morceaux qui sont là qu’étaient pas là au Yoyo ni à l’Olympia d’ailleurs, ni à laCigale, enfin je ne sais plus dans combien d’endroits on a joué. Mais voilà en gros on voulait pousser le trait du concert, on ne voulait pas tout bouleverser, parce que ça nous plaisait aussi de dire au revoir sur ce ton là.
On n’est pas encore rassasié de tout ça, donc on voulait présenter notre concert quoi avec bien sûr des petites choses en plus mais bon on verra. (Rires)

Du coup, ça répond un peu à ma question suivante, vous ne vous lassez pas de jouer les mêmes morceaux pendant plus d’an ?
Simon: 
Non parce que on a trois albums qui ont beaucoup changé et les endroits et lieux varient aussi et sont tellement différents. On a tellement voyagé aussi notamment avec cet album là. C’est vrai qu’en fonction du public, de l’endroit où on est, tout change tout le temps. Et puis on peut changer, on peut prendre des morceaux à droite à gauche en fonction du moment, il y a trois albums, on peut vraiment aller se promener dans les morceaux. On ne se lasse pas, bien sûr que non. C’est deux ans de tournée, mais bon on a fait 120 dates je crois, donc ça parait beaucoup comme ça mais il y a des fois où on avait des pauses de 1 mois. Après c’est vraiment psychologiquement, on est un peu fatigué mais on est très heureux. (Sourires)

Et est ce qu’il y a quand même un morceau préféré en live, notamment par rapport à l’accueil du public ?
Simon: 
Sur cet album là j’ai la sensation que We cut the night a vraiment un effet étrange. En fait ça dépend vraiment, parce que en même temps Leftovers ou Onassis aussi. Donc je ne sais pas, non je n’ai pas cette sensation d’un morceau. J’ai l’impression que les gens acceptent le programme (sourires) si je peux dire ça comme ça.

Et du coup, oui tu l’as dit vous avez pas mal voyagé et est ce qu’il y a un meilleur souvenir, comme récemment Ankara ?
Simon: Je crois qu’Ankara m’a beaucoup marqué peut être parce que c’était un des derniers. Je ne savais tellement pas où je mettais les pieds, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, et puis les gens qui avaient fait le voyage en train depuis l’Iran, qui avaient dû changer leur passeport pour venir…
C’est très compliqué pour nous de venir en Iran parce qu’on devait faire un concert à Téhéran, mais du fait de ma double nationalité (il est à moitié américain) il y a des choses qui peuvent difficilement se faire c’est très frustrant. Donc tout d’un coup de parler avec ces gens là en direct, de voir leurs émotions, de comprendre que nos albums  vivent beaucoup là bas aussi et puis de parler des textes car ils ont une approche de la musique par le texte, tout ça fait que ça a été assez bouleversant pour moi Ankara c’est vrai.
Istanbul aussi mais comme je n’avais jamais mis les pieds à Ankara c’est différent. Istanbul on y avait déjà joué.
Et puis de toute façon cette idée d’aller jouer à l’étranger et quand on parle même pas la langue et qu’on a un traducteur pour entendre ce que la personne est en train de dire de nos paroles c’est fantastique, c’est dingue.
Là c’est pareil quand on va à Bucarest je suis ravi car pouvoir voyager avec ces émotions c’est fou, c’est complètement fou ce sont des plaisirs.
Après il y a tous les plaisirs intimes de l’équipe, car on a une vie sur la route. Mais je crois qu’Ankara ça m’a marqué oui.

Justement, sur la route, dans le tour bus vous écoutez quoi ? Vous partagez forcément plein de choses ?
Simon: 
On n’écoute pas tout le temps de la musique car on aime bien le silence aussi, on est posé, c’est un peu la maison quoi. La dernièrement (rires) on a écouté la BO du Grand Bleu.
C’était pour l’anniversaire d’un pote il le voulait, c’était très drôle. Et puis il y a le dernier morceau de Booba, DKR, que j’aime bien et qu’on a écouté et qui n’a rien à voir.
Après il y a souvent les Doors quand même.
Donc trois trucs qui n’ont vraiment rien à voir.

Et avant de monter sur scène, avez vous des rituels ?
Simon: 
On a des rituels on se parle et on se touche beaucoup. On a besoin d’être tous les 4 avant de monter sur scène et avec Yann aussi celui qui fait l’ingé retour. On a besoin de s’attraper, de se tenir juste avant de monter sur scène c’est en général ça qui se passe.
Et puis on a des petites phrases d’encouragement, voilà car c’est quelque chose de pas très naturel quand même de monter à chaque fois sur scène, devant les gens. Et du coup voilà on a cet espèce de moment de rassemblement de concentration.

Et du coup, par rapport à cette difficulté de monter sur scène est ce que ce n’est pas plus ancré devant un public de festival qui n’est pas venu uniquement « pour vous »?
Simon: 
Plus ancré c’est-à-dire ? Car moi de toute façon j’ai le trac, quel que soit l’endroit.
On a vraiment de la chance souvent on fait partie des têtes d’affiches quand même du coup il y a une bienveillance. On a quand même un groupe de personnes qui est déjà là pour nous entendre. Mais pour moi ça peut rajouter une pression même limite.
Au tout début quand on jouait à l’étranger et qu’il y avait pas vraiment de gens qui pouvaient connaitre, je me disais « là il y a tout à faire, c’est cool ». Quand les gens s’attendent à passer un bon moment ça rajoute une pression, car c’est à double tranchant, parce qu’on se dit « bon faut pas les décevoir ».
Mais j’ai aussi appris à accepter que je puisse me planter et que ce n’était pas très grave en fait que ça restait de la musique. Sur la première tournée j’avais très peur de pas être le bon élève et puis avec la tournée précédente et maintenant je prends beaucoup plus de plaisir car je sais que si on se plante on recommence et que c’est pas grave en fait. C’est de la vie !

Oui c’est ça la vie, personne n’est parfait.
Simon: J’ai envie de partager un moment avec les gens et c’est surtout ça que je viens chercher: un moment, une expérience commune sur scène. Moi je suis très demandeur sur scène, j’ai besoin de ressentir l’énergie du public, qu’on est tous ensemble vivant, qu’on n’est pas des professeurs en train de dire « et maintenant c’est cool et maintenant c’est pas cool ». Enfin je sais pas, j’ai besoin de cette quintessence du partage. Si on s’est déplacé c’est aussi pour rencontrer les gens, leur énergie, c’est pas pour leur dire « regardez comment on est super » ça ça m’intéresse pas.

 

Par contre, notamment à Ouest Park, on voit bien qu’à un moment donné tout le monde s’en va après U Turn Lili : ça vous fait quoi ?
Simon: Peut-être à Ouest Park, mais pas d’habitude.

Ce n’est pas une généralité alors ?
Simon: Non pas du tout, non vraiment pas, non non non. Je pense qu’on aurait arrêté de la jouer s’il y avait ce truc. C’est justement ça qui m’a plu moi dans ces années là, c’est que, même dans le premier album, quand on a compris que les gens nous ont accepté comme groupe et pas comme un morceau. Je pense que sinon on aurait arrêté tout de suite. Ca aurait été compliqué.
Maintenant pour moi c’est un plaisir de le ré interpréter, de bouger. Car c’est quand même la première prise de parole qu’on a eu avec le public, on n’avait jamais rien fait avant donc c’est assez fou que ce se soit passé dans ces conditions là et que ça reste.
Mais peut être que Ouest Park c’était parce qu’on avait été annoncé deux jours avant du coup, c’était nos potes des Shoes qui devaient jouer donc on les a un peu remplacé sur le pied levé. Enfin je sais pas mais je n’ai pas trop ressenti ça moi.
C’était peut-être les horaires, parce qu’on a commencé en retard donc il y avait l’autre concert qui commençait, bref sûrement plein de raisons qui entrent en jeu.

Et ça vous fait quoi d’avoir plus d’1 million de vues pour le clip officiel de Blouson noir ? ou encore d’être la bande son de parfum YSL ?
Simon: 
Ca fait quoi, je ne sais pas si ça fait quelque chose en fait. Ce sont des chiffres. C’est quand je parle avec des gens dans la rue où là je comprends, ou je commence à comprendre que notre travail est apprécié. Mais qu’est ce que ça me fait ? A priori, pas grand chose.
Les chiffres comme ça, c’est tellement n’importe quoi depuis toujours (sourires). Bien sûr pour YSL par exemple j’étais ravi, parce que j’adore cette maison, je les avais rencontrés quand j’étais mannequin, j’avais rencontré Monsieur Saint Laurent, donc c’était autre chose mais c’était pour moi mon aventure perso, enfin je ne sais pas comment dire c’était un truc perso qui me touchait, mais après en soi c’était un moment de vie.
Maintenant moi ce qui m’obsède c’est les chansons, c’est d’arriver à poser, c’est très égoïste en fait moi je suis content quand je trouve le bon couplet qui va avec le bon refrain, ensuite c’est du bonus.
C’est un truc comme ça qui passe, mais ce qu’il reste en moi c’est quand je suis tout seul et que me sens libre, quand je créé le morceau c’est là que je me sens libre. Le reste, alors peut être que si je ne le vivais pas j’en rêverais, peut être que ce sont des cadeaux de la vie et que je m’arrête à ça en fait. Je me dit juste « ouais c’est cool » mais ma vraie obsession et mon vrai plaisir c’est quand je suis le premier spectateur de ce qu’on est en train de faire et que ça me plait. Quand je vois que cette chanson là on l’a faite comme ça et qu’on a terminé un titre  et qu’on l’écoute en boucle et que je sais que là je suis en accord avec ce que je voulais dire: ça me plait beaucoup.

C’est le principal. On parle de la vie mais en 2016 on a perdu pas mal de mentors, Bowie, Prince, Leonard Cohen, selon vous qui pourrait prendre la relève musicale d’un Bowie ou d’un Prince ?
Oh ba pourquoi prendre une relève ? En fait leur travail reste, c’est du travail qui inspire. Shakespeare est toujours là malgré qu’il soit mort bien avant tous les gens qu’on connait. Il y a des gens comme ça, je pense que Bowie va inspirer beaucoup de générations encore, Leonard Cohen c’est pareil. Je pense que le dernier album de Cohen était un bijou, le dernier album de Bowie aussi. Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a pas besoin d’avoir absolument une relève.
Je suis absolument contre la nouveauté à tout prix, je trouve qu’on cherche toujours des choses nouvelles et j’en parlais avec des gens d’un gros magasine il n’y a pas longtemps et ils me disaient qu’ils étaient obligés de chaque semaine parler d’un nouvel album qui sort de ce qui se fait, etc … Mais on s’en fout en fait. C’est pas parce que c’est nouveau que c’est bien (sourires) et je pense au contraire que c’est dans notre passé et dans ce qui a été fait avant qu’il y a beaucoup de choses à piocher.
Moi je sais par exemple que des gens comme Gainsbourg, comme Boris Vian comme Nina Simone, ce sont des gens qui sont tout aussi influents que de leur vivant aujourd’hui si ce n’est plus. Donc les relèves musicales il n’en faut pas absolument, par contre il y a sûrement des gens qui vont apporter des choses aujourd’hui au monde de la musique. Moi je crois qu’en étant le reflet de notre époque je suis très mal placé pour dire qui va tenir la place, on verra quand on sera vieux. Par exemple j’étais très surpris qu’on vende encore nous des disques et que les gens viennent à ce point là à nos concerts parce que ça va tellement vite, ça se consomme tellement vite, j’ai l’impression que tout est comme ça, les vêtements, la bouffe, … tout se consomme ultra vite, tu as l’impression que tout est périssable et tous les gens dont on parlait là ont été dans une époque où on prenait beaucoup le temps pour écouter.
On laissait mûrir un disque, on laissait mûrir un film, un livre. Voilà, moi je crois beaucoup à la littérature et je pense que les prochaines personnes qui vont influencer seront des écrivains, par des livres.
Ou alors peut être que comme Bowie ou peut être que les artistes qui vont relever des choses qui ne seront pas catégorisés dans un truc, qu’on aura du mal à mettre dans des cases, qui feront du 360° en termes d’influence on va dire. Mais on a pas perdu des gens en fait, pour moi c’est la beauté et l’éternel de l’artiste. Que Monsieur Cohen meurt a 83 ans avec tout le travail qu’il a montré je veux dire c’est une force inépuisable d’inspirations. On peut encore s’en nourrir, je pense que la plupart des gens qui aiment Léonard Cohen ne connaissent pas tout de Cohen encore. Il faut toute une vie pour découvrir qui c’est. Donc voilà je ne cherche pas de relève forcément, en tout cas moi (sourires).

Donc j’arrive à la fin de mon interview, on est déjà hors timing, mais la suite pour vous c’est quoi ? Est ce que vous avez déjà des choses en tête des choses déjà initiées ?
Simon: 
Oui on a des choses, après on a la page blanche qui nous plait beaucoup, l’inconnue aussi. Mais on a des choses, on est des petits malins (sourires) 

Voici ma dernière question. Sur scène, comment tu gères où portes tu ton regard ? Est ce que vous faites « attention » aux visages, aux expressions ? Est-ce que vous « reconnaissez » votre public ?
Simon: 
J’essaie de regarder les visages, et oui je reconnais des gens. On en reconnait tous. Après j’essaye de regarder dans le vrai, donc j’essaye de chercher les yeux ou les mouvements ou les corps des autres, des choses qui me relient dans le moment.
Je n’intellectualise pas plus que ça, je suis dans mon morceau donc je suis à la fois là et pas du tout là. J’aime bien disparaître dans la musique, dans ma tête … J’avais tellement de pression sur le premier album sur la première tournée, et puis c’est tellement pas naturel de chanter et d’être tout nu comme ça devant plein de gens, que je me suis vite autorisé à me perdre dans la musique et du coup être libre et à pouvoir bouger comme je veux pour ne pas contrôler. Je ne veux pas contrôler ce qu’il m’arrive donc après j’ai des déclencheurs et je vais chercher les gens en les regardant, je vais les chercher pour aller tous ensemble quelque part, je ne sais pas où je vais, mais c’est comme de l’électricité.
J’ai besoin qu’on se fasse attraper par quelque chose qui nous dépasse un peu tous ensemble. C’est ce que je cherche à chaque fois. Donc oui je regarde les gens mais je suis pas là en fait (sourires).

J’ai encore pas mal de questions mais je pense que je ne vais pas te prendre plus de ton temps…
Simon: Ba je ne sais pas l’interview elle est ce qu’elle est, je n’ai pas les questions moi (sourires). J’ai même pas les réponses parfois. Merci en tout cas.

Chargée de relations extérieures
  • Date de l'interview 1 693 vues 2017-01-11
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  • Remerciements Jennifer chez Wagram et Simon évidemment
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