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Tandis que la pluie semble dévaster la capitale française, un an jour pour jour après la sortie de son premier album « Hell Or Highwater », David Duchovny joue ce soir à La Cigale à guichets fermés.
Tout d’abord, rappelons que la soirée est prévue en mode salle avec fauteuils. On nous a concocté de la musique pour bercer les blasés ? Va-t-on s’ennuyer ? Cela reste un mystère complet.
Le public rentre tranquillement et respectueusement dans la salle mythique et les sièges se remplissent. Nous attendons peu de temps et la première partie arrive. Il était dit que c’était l’un des musiciens de David Duchovny qui ouvrait le spectacle et finalement un jeune homme prend la scène, de prime abord pas sûr de lui et qui semble bien parler le français pour un Americain. Il s’agit en fait de French Tobacco et ses chansons nous disent quelque chose.
Il invité le public à le suivre pour l’aider à faire les backing vocals sur le refrain, cette fois c’est sûr nous l’avons déjà entendu à la radio, I Need To Go, oh oh… oh oh ! La salle meuble généreusement ce refrain entraînant, ce sera d’ailleurs le tube de son set, un futur ou déjà succès assuré. Le chanteur explique les situations de façon drôle comme le fait de ne pas avoir de technicien pour lui apporter une guitare et qu’il doit s’accorder seul, il nous invite à nous abonner à ses comptes sur les réseaux sociaux en glissant quelques notes d’humour.
Le jeune homme joue seul avec une guitare électrique et un batteur fantôme plongé dans les ténèbres de l’arrière scène et il possède notamment une maîtrise totale de sa voix, fragile et puissante à la fois, qui ne nous laissera pas indifférents. La dernière chanson arrive, son tube Cry et il remercie cette »salle mythique » de l’avoir accueilli et en annonçant que David Duchovny allait arriver.
(Le premier album de French Tobacco se nomme « Straight Ahead »).
En effet 25 minutes plus tard la lumière baisse une fois de plus et la tension était palpable dans la salle. De nombreuses personnes connaissent l’acteur et n’avaient jamais écouté ce qu’il faisait et sont venues juste le voir en »vrai », les amateurs de musique voulaient en savoir plus… mais qu’allions nous découvrir sur cette scène?
Des silhouettes se forment, les applaudissements retentissent déjà, ce sont les musiciens de David Duchovny. Les bras du public sont en l’air et les cordes vocales en pleine action quand David arrive sur scène. Il commence par nous saluer en français et fait de son mieux pour nous dire qu’il espère qu’on passera une bonne soirée.
Le jeune batteur nous envoie ses premiers coups fermes et justes et déjà en quelques secondes, on sent que la qualité est là. David prend son micro perché sur un pied qu’il fait rouler sur le sol et commence à chanter pour la plus grande joie (folie ?) du public. Le chanteur nous montre une voix tout en sobriété. Son timbre est intéressant, la tessiture est plus palpable en live que sur CD, bien que parfois le son soit inégal (au niveau technique), mais ce qu’il nous montre est très plaisant.
Lorsque que le Eagle Eye Cherry-esque 3000 est annoncé et joué, quelques personnes du public se lèvent de leurs fauteuils, David dira même que cela serait super que nous nous levions. 3000 annonce une ambiance prometteuse, bien que The Rain Song soit plus sage, nous avons droit à un David Duchovny passionné et déchaîné. The Things est un titre puissant et beau pour confirmer qu’il a beaucoup à nous offrir. Nous nous demandons parfois où il est allé chercher ses pas gauches ou la raison de cet acharnement sur ce pied de micro qui lui servirait presque de partenaire de danse.
Entre chaque chanson, il sort des anecdotes sur la France, il arrive aussi qu’il sorte des âneries qui le rendent irrésistiblement drôle. Bien que le chanteur soit comédien, on sent une honnêteté totale et rien ne semble surjoué ou calculé. Il nous propose ensuite une reprise de David Bowie, le titre Stay, sur le lequel des rythmes endiablés et langoureux envahissent les lieux. Le chanteur se déhanche, fait des moues, des clins d’oeil, pointe des personnes dans le public. Les musiciens de David Duchovny sont au nombre de six et sont absolument phénoménaux, tout est fait avec une justesse implacable et un goût indéniable, c’est un pur régal. Le chanteur qui n’a pas d’instrument et qui pourrait passer pour un imposteur parmi ces talents, arrive néanmoins à occuper toute la scène. (Plus tard il nous prouvera le contraire en apportant une guitare qu’il jouera)
Bien que les chansons parlent de »looove » et encore de love, il nous présente un nouveau morceau intitulé Mo’. Nous allons nous refroidir de cette ferveur et rester scotchés devant un titre profond, mélodieux et obsédant, c’est tout simplement d’une beauté incroyable, le titre sera adopté de suite.
Il nous parle ensuite de son père qui a vécu pendant des années à Paris, dont ses dernières avant de dédier le prochain titre à son père et sa belle-mère présente dans la salle.
Le Single Hell Or Highwater joué ce soir, sera une belle occasion pour David d’inviter le public à chanter une partie du refrain à chaque fois, les voix montant en crescendo.
Quand le chanteur et son équipe quittent la scène, les encore sont demandés avec beaucoup de passion, la salle est devenue moite, fumante, le public tape du pied au sol.
Pour un rappel, une chanson sera dédiée à Paris.
Le set sera clos par l’efficace Positively Madison Avenue habillé d’une intro mélodieuse pour se perdre dans des riffs passionnés. David multipliera ses danses et gestes gauches attachants en soulevant son pied de micro du sol pour le tendre au public. Le concert s’achève en laissant le public bouche bée dans une ambiance presque mouillée.
David Duchovny a réussi le pari d’être lui-même pour le public, il s’inscrit à présent dans la liste des musiciens à voir.
Bien que le comédien (ou chanteur, vous choisirez) n’ait pas une voix inoubliable au niveau de la technique, nous avons bien noté qu’il n’a jamais laissé un vide ou oublié les paroles de ses textes, cela est un signe certain d’un chanteur passionné. Chacun mérite son temps d’apprentissage et nous le lui laisserons bien volontiers pour se perfectionner car on en redemande !