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S’il est bien une mode dont on ne se plaindra pas, même si elle est poussée par de basses contingences mercantiles, c’est celle de faire remonter sur scène un groupe pour célébrer l’anniversaire de leur album phare.
C’est ainsi que cet hiver nous avions pu écouter « The Ideal Crash » de dEUS. Cette fois le prétexte était les 10 ans de « Music For Men » de Gossip. A l’époque il avait la lourde tache de succéder à « Standing in the Way of Control ». Désormais il a celle de ne pas se résumer à l’emblématique « Heavy Cross ».
En ouverture de cette soirée, les Big Joanie, groupe de punk féministe noires, dont l’album Sistahs nous avait fait cet hiver l’effet d’une bombe. Leur présence scénique est à l’avenant, punk plus dans le dépouillement et les looks improbables que dans les riffs mais avec ce genre d’énergie qui vient du bide. Elles assurent, même devant un public clairsemé et distrait. Elles ne lâchent rien, déroulent, rient et prennent du plaisir et nous en donnent.
Quand Gossip entre en scène c’est le public qui entre en transe.Et quel public. Evidemment Gossip ne joue pas devant un public qu’il faille convaincre et si Beth Ditto a la présence scénique généreuse, son public le lui rend bien. Un public heureux, joyeux à fond dans le concert et la fête qui ne ménage pas son énergie. Du point de vue de la fosse, l’énergie circule partout et la joie contamine même les plus réticents.
Musicalement le set est lourd, enlevé, et porté par une basse lourde et par une batteuse martiale, aussi implacable que sexy. La set list est imparable, alternant les titres de Music For Men, reprises, intros revisitées et tubes incontournables. C’est ainsi que Listen Up! est arrangé à la sauce Psycho Killers des Talking Heads, une évidence quand on l’écoute, le Careless Whisper de Georges Michael est réinventé. Enfin figure de proue du navire Gossip, Beth Ditto est tout simplement incroyable. Généreuse, drôle et dotée d’une voix puissante et d’un humour absurde, elle porte le show sur ses épaules, et lui fait prendre une dimension qu’on ne voit que trop rarement en live.
Il n’était pas question que de bouder notre plaisir ce soir là et quand bien même nous aurions été sceptiques, que cela n’aurait pas tenu deux minutes devant l’évidence du phénomène.