« La chanson française, c’est pas trop mon truc… ». Cette remarque du chanteur de The Aerial à l’égard de Miossec vaut bien pour indiepoprock.fr qui a décidé de se pencher un peu plus cette année sur quelques têtes d’affiches françaises de cette 38ème édition du Nancy Jazz Pulsations. Petite sélection de quelques concerts.
The Aerial, quatuor nancéien mené par un jeune anglais, a été choisi pour sonner les premières notes du NJP au Hublot. Leur rock à consonances hip-hop et leurs escapades acoustiques, peinent à convaincre le public du bien fondé de cette formation pour qui « il est inconcevable de vendre sa musique quand on est de la génération internet » et qui distribue fièrement ses galettes à la fin du concert. Un plan marketing qui doit faire grincer Miossec, d’une autre génération et d’un autre catalogue. Le breton bougon enchaîne les titres de son dernier album (« Chansons ordinaires ») résolument rock, porté par des musiciens tout aussi rock et électriques, avant de se lancer dans ses grands classiques (Tonnerre de Brest, L’infidélité…) électrisés, voir bordéliques par moment. Miossecpousse sur sa voix (de moins en moins nuancée), ponctue chaque couplet d’un râle viril et s’amuse comme toujours des remarques du public pendant que ses musiciens tronçonnent les mélodies, enlevées par le son ronflant d’une cabine leslie… Miossec semble en avoir fini avec sa quarantaine mélodique et s’aventure dans le rock guttural.Sous le chapiteau de la pépinière, place à la bonne humeur et à la fête avec la fanfare Debout sur le Zinc. Les sept musiciens enflamment le chapiteau avec leurs tubes d’influences tziganes, cuivres en avant et sections rythmiques fantasques. Figure de proue de la chanson à texte, les Têtes Raides prennent la suite avec leurs mélodies rock musette. Autour de l’accordéon et de la voix rugueuse de Christian Olivier, le groupe enchaine ses titres avec une énergie communicative: le militant L’identité, hommage au regretté Mano Solo avec une reprise de La vie c’est pas du gateau, le splendide Ginette, repris en chœur par tout le public éclairée par une simple ampoule…Ambiance plus rock expérimental avec The Do et ses compositions alambiquées. Armé de son second album (« Both ways open jaws »), le duo s’est adjoint les services de trois musiciens pour enrichir ses mélodies folk de sons synthétiques et d’ambiances psyché. La voix mélodieuse d’Olivia décolle vers les horizons célestes tandis que la basse de Dan martèle ses rythmiques entêtantes et transgressives. Emotion sur l’envoutant Too insistent et son refrain enchanté, ovations sur le trop attendu On my shoulders, euphorie sur l’électro Dust if off, The Do rallie le public à sa cause avant de laisser la place à Catherine Ringer.
L’ex- Rita Mitsouko n’a pas à se forcer pour conquérir un public venu entendre ses dernières compositions mais, surtout les grands classiques des Rita, repris en chœur par un chapiteau chauffé à blanc. Raoul Chichin porte sur ses frêles épaules l’héritage de son père, souvent souligné dans les textes de dame Ringer, et abuse des démonstrations de guitare, soutenu par une section rythmique décontractée. Catherine Ringer, en maitresse de cérémonie, esquisse quelques pas de danse, sautille, s’amuse comme une jeunette dans un set frais et décomplexé, bouclé par l’incontournable C’est comme ca et sa folie communicative.
A l’Autre Canal, les Slit Plasters, représentant de la scène garage nancéienne, ouvrent la soirée punk-rock avec leurs tubes survoltés. Lussi et King Automatic viennent renforcer cette section musclée. Le trio belge Tringgerfinger prend la suite avec son rock primal. Look de dandy, boots luisantes et barbe grisonnante, Ruben Bock électrise la salle à grands coups de riff et de breaks, porté par une section rythmique efficace. La démonstration live que ce trio belge a bien mérité son titre de groupe de l’année décerné quelques mois plus tôt par le Music Industry Awards. Après ce set survolé, le rythm’n’soul de Barrence Whitfield and the Savages parait reposant. La formation funk venue de Floride puise ses racines dans la soul de Salomon Burke et assume dignement ses influences, porté par un saxo bavard et la voix rocailleuse de Barrence. The Jim Jones Revue, grosse pièce de la soirée, déboule sur scène comme un ouragan, avec son rockabilly dynamité. Gomina, ampli Orange, guitares demi-caisse et reverb de circonstance, la bande tape sans retenue dans les plans et les clichés rock’n’roll de Jerry Lee Lewis et Chuck Berry, en y insufflant une bonne touche de garage bien d’aujourd’hui. Un set abrasif qui terrasse le public et clôture une des soirées les plus excitantes du festival.