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La simple évocation des têtes d’affiche principales que sont M83, Grizzly Bear et Animal Collective avait de quoi donner quelques vertiges. Le reste des promesses The Walkmen, Liars ou encore The Tallest Man On Earth était tout aussi alléchant. Alors que donne ce festival en plein coeur de Paris ?
Allez savoir si c’est parce que le crew de Pitcfork est d’origine américaine ou parce que les photographes en herbe se sont dit que La Grande Halle de la Villette de nuit c’était branchouille sur des photos instagrammées à n’en plus pouvoir, mais l’ordre de passage des groupes avait de quoi laisser « perplexe ». La majorité des concerts démarraient dans l’après-midi et il fallait parfois se donner des gifles pour tenir jusqu’à 2h du matin pour voir certains groupes, par conséquent ce compte-rendu n’est pas exhaustif. Pire, il est sérieusement amputé d’une journée, car pour des raisons de santé (migraine is a bitch) je n’ai pu honorer mon pass 3 jours qu’à partir du vendredi (exit M83…). Cette frustration passée, c’est donc le vendredi que j’ai pu attaquer le festival.
Et quoi de mieux pour profiter de ce vendredi qu’en démarrant par The Tallest Man On Earth, le plus suédois des folkeux du monde. Avec ses belles chansons, il affronte un public principalement venu pour danser avec un set crédible et un débardeur gris. Mais l’un des groupes attendus ce soir, c’est bien The Walkmen. Le groupe a aligné un set particulièrement beau dans lequel l’équilibre est trouvé entre les incontournables (The Rat, All Hands And The Cook), les plus beaux titres de « You & Me » et « Lisbon », ainsi que les nouveaux morceaux de « Heaven » qui rendent très bien en live sans l’intensité de ceux de son prédécesseur. Avec sa dégaine de crooner inégalable, Hamilton Leithauser a une fois de plus enchanté le public pendant que Matt Barrick à la batterie fait un nouvel exercice de maîtrise absolue et Paul Maroon reste imperturbable dans sa chemise et pull qui ne verront passer aucune goûte de sueur de tout le set. Avec beaucoup d’intensité, le rock d’un autre temps de The Walkmen s’avère incroyablement efficace et énergique.
A peine se remet-on des guitares de The Walkmen que ce sont les premières notes de « Tick Of The Clock » de Chromatics. D’ailleurs un monsieur en veste de Drive se balade pas loin dans le public. Le set des Chromatics s’avère dansant mais froid, ce qui nous rapproche progressivement de la température extérieure et nous invite à aller déguster un burger au coin repas du festival, dans la pure veine des produits marketing par excellence. En revenant dans la salle, c’est au contraire la chaleur de Robyn qui nous interpelle et son set furieusement dansant que l’on suivra de loin.
Alors que la fatigue commence gentiment à nous gagner, c’est enfin le tour des très attendus Animal Collective. Après une installation de la scène assez longue mais visuellement bluffante, ce sont des immenses formes crochues, colorées et gonflables qui prennent place au milieu d’une batterie, d’une guitare et de plusieurs claviers. Pas de doute, le set des américains étiquettés « freak-folk » va nous faire bouger. Cela n’a pas loupé, le set s’est avéré particulièrement intéressant avec pour principal album représenté le tout récent « Centipede Hz ». La galette nous avait laissés heureux mais quelque peu sceptiques et le moins que l’on puisse dire c’est que les titres joués étaient en réalité surpuissants (Rosie Oh, Today’s Supernatural, Applesauce, Wide Eyed). On a également eu droit à l’excellent single Honeycomb ainsi qu’à un final débordant d’énergie avec Brothersport et Peacebone, mais c’est sur le premier morceau que nous partirons littéralement piétinés par un public majoritairement anglo-saxon plus soucieux de ce qu’il se met dans le cornet et dans le nez que de la musique qu’il écoute, ce qui est assez navrant. A 2h du matin, nous mettons approximativement 1h pour trouver un taxi et tomber dans les bras de Morphée.
Le programme du samedi était évidemment dominé par la prestation de Grizzly Bear mais le groupe a été précédé de quelques prestations que nous voulions mentionner. Il a fallu enfiler les bouchons d’oreilles sur Liars mais la venue du trio a été tout simplement magistrale. Un écran géant diffusait des scènes étonnantes de montage et démontage de studio d’enregistrement, de cartons voltigeant dans la pièce, d’urinage sur une batterie, bref du Liars tout craché. Difficile de les suivre et de décrire leur musique tant elle est délurée mais c’est un captivant mélange de noise aux relents punk et bourré de beats électro très appuyés. Cela ne se décrit pas, cela s’écoute. Le public est séduit, le groupe passe visiblement un bon moment et nous claque ainsi un de nos concerts favoris.
Avant de jubiler sur le point d’orgue final il faudra souffrir sur Death Grips et supporter les très légers Breton (dont on appréciera environ 2 min de set). Cela tombe bien, les prestations s’enchaînant avec un timing chronométré à la seconde près, c’est avec un calcul très stratégique que l’on se place près de la scène tant espérée.
Avec un peu d’avance, les américains de Grizzly Bear arrivent sur scène et déboulent avec un concert tout simplement à tomber par terre. Visuellement, des lanternes tenues par des chaînes aux allures de méduses flottent dans l’air et donne une ambiance cosy à un concert dont la setlist est très inspirée. Le groupe a trouvé le parfait équilibre en jouant des titres des trois derniers albums. Ainsi Yet Again, Speek In Rounds, Sleeping Ute, A Simple Answer, gun-shy, Half Gate sont entre-coupées de quelques retours dans le passé (de « Veckatimest » à « Yellow House ») qui s’enchaînent parfaitement avec le reste comme notamment la géniale Knife, le tube international Two Weeks, Ready, Able, I Live With You, ou encore l’improbable Foreground. Mais c’est incontestablement sur la sublime Sun Is In Your Eyes, final de ce grand concert, que le public aura le plus vibré. Musicalement le groupe a brillé et a donné 1h20 de pur plaisir. L’édition 2012 s’achèvera ici pour nous mais continuera pour les autres jusque tard dans la nuit.