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Après une annonce de programmation controversée pour Rock en Seine (beaucoup de rap, des têtes d’affiches rock pas si rock), nous étions curieux de voir de quelle façon allait se dérouler cette édition. Pour ce dernier week-end d’août, nous avions donc rendez-vous au parc de Saint-Cloud dès vendredi 24 août pour le dernier festival de la saison estivale.
First Aid Kit
En pleine tournée pour leur dernier album « Ruins », les deux soeurs suédoises de First Aid Kit étaient sur la grande scène de Rock en Seine le vendredi 24 août. Accompagnées de trois musiciens, Klara et Johanna Söderberg nous ont offert un début de festival en douceur mais convaincant. Le groupe féminin enchaîne avec ses dernières chansons tels que Rebel Heart ou bien It’s a Shame. Avec des changements constants de guitares et un show capillaire très impressionnant (headbanging constant pendant quelques minutes à la moitié du set), les Suédoises ont su charmer les Français. Engagées avec le public, la foule clappe en rythme et danse doucement au son de leur indie folk. First Aid Kit nous fait la surprise de jouer une nouvelle chanson intitulé Rewinds et demande au public de chanter en chœur. Une belle découverte, on attend avec impatience de les revoir.
Dirty Projectors
Les Américains de Dirty Projectors ont sorti leur huitième album « Lamp Lit Prose » le 13 juillet dernier. Malgré cela, ils n’ont pas fait l’unanimité à Rock en seine 2018. Avec un public très peu nombreux, une majorité de ce dernier était assis par terre et scrollait indéfiniment sur son téléphone portable. Le show laisse un goût amer notamment avec une batterie engloutissant tous les autres instruments très régulièrement. Néanmoins, les nombreuses harmonies rendaient le set de Dirty projectors un peu moins confus pour nos oreilles et étaient très bien exécutées. Finalement, le groupe a très peu interagi avec son public, ce qui a fini par décourager les derniers de danser ou chanter, ne laissant cette tâche qu’aux deux premiers rangs.
Mike Shinoda
Seule date française du rappeur américain et co-fondateur du groupe Linkin Park, Rock en Seine était le point de rassemblement des fans du groupe et des fans de rap et de son projet solo depuis Fort Minor jusqu’à la sortie de son nouvel album « Post Traumatic » en juin dernier. Mike Shinoda a offert un concert fédérateur, avec un mélange harmonieux de chansons de Linkin Park (revisitées ou en mash-ups) et de ses propres créations. On retiendra son entrée survoltée sur le duo Petrified (Fort Minor) et When They Come For Me (Linkin Park), rarement utilisées comme chansons d’introduction, un moment d’intense émotion pendant l’hommage à Chester Bennington suivi d’une version minimaliste mais sublime du classique In The End reprise à plein poumons par le public, et la clôture du set sur l’enchaînement Remember the Name (Fort Minor)/Running From My Shadow (Post Traumatic). Difficile de décrire ce show, à mi-chemin entre la célébration de l’oeuvre de Chester Bennington au sein de Linkin Park et l’avènement de Mike en tant qu’artiste solo. Une chose est sûre, il aura bouleversé la foule présente et emporté tout le monde (nous les premiers) dans son univers grâce à son énergie et sa générosité débordante. L’heure de performance aura finalement été bien trop courte et l’on espère le revoir dans une salle française dans les mois à venir.
The Orielles
Le trio britannique The Orielles était à Rock en Seine cette année. Composé de deux sœurs et de leur meilleur ami, ils se sont rencontrés lors d’une soirée et ont formé le groupe dès le lendemain. Sorti en février 2018, « Silver Dollar Moment » est leur premier album et ils ont fait sensation sur la scène Firestone de Rock en Seine. Avec un public très nombreux pour cette petite scène, c’est au sifflet qu’ils entament les premières notes de leur set. Une première impression qui fait sourire le public et le met dans l’ambiance de ce groupe de pop indé particulier. Tout le long du concert, le trio s’amuse, sourit, parle avec la foule et leur bonne humeur est contagieuse ! Avec un guitariste décalé, les Français se laissent prendre au jeu et dansent au rythme des riffs de guitare et de la batterie. Ils finiront leur show avec leur chanson Sugar tastes like salt et nous offriront pour ces dernières 8 minutes les fameux rythmes de guitare qui caractérisent si bien ce groupe.
Si vous voulez en découvrir plus sur eux, nous avons eu l’opportunité de les interviewer. C’est par ici !
The Liminanas
Premier concert résolument rock du week-end, The Liminanas ont donné un show convaincant devant les récalcitrants au phénomène sud-africain Die Antwoord. Avec une installation impressionnante sur scène (3 guitares, 1 basse, 1 batterie, 1 choriste, 1 danseur et un beau fatras d’amplis), les premières secondes ont donné l’impression d’une grande claque de rock psychédélique dans la figure à coup de riffs de guitare efficaces et de grands coups de grosse caisse. Dans l’arrière-plan, un grand monsieur dans un beau costume bleu clair qui esquisse quelques pas de danse et une guitare phosphorescente qui attire l’œil complètent un tableau dont on a d’abord eu du mal à saisir l’harmonie. Puis, les chansons se sont enchaînées avec Istanbul is Sleepy, Shadow People et une superbe reprise de Gloria et on a petit à petit été séduits. Une belle surprise.
Die Antwoord
Die Antwoord a enflammé la scène principale de Rock en Seine vendredi soir. Le groupe sud-africain composé des deux rappeurs Ninja et Yolandi Visser et du producteur DJ Hi-tek a fait carton plein au festival. Leur show haut en couleur et très minutieusement préparé a beaucoup plu au public. Certains pourraient leur reprocher d’en avoir fait ‘trop’ mais la session de rap improvisée au milieu du set, les deux guests invités sur la scène du festival ou encore le crowdsurfing de Daddy ont rendu le concert très interactif. Finalement Die Antwoord est un groupe à voir surtout avec leur séparation qui approche – leur prochain album sera le dernier.
Theo Lawrence and the Hearts
On se retrouve dans la grande plaine de rock en seine pour le premier concert de cette deuxième journée. On a rendez-vous avec un quintet qui convoque des sonorités du sud des Etats-Unis : c’est parti pour un road trip de Nashville à Memphis tout en musique. Entre rock affirmé, soul ou folk américaine, le groupe maîtrise et a déroulé un show d’une très grande qualité, principalement appuyé sur leur premier album « Homemade Limonade ». Détrompez-vous, malgré le style et la dégaine de crooner américain de Theo Lawrence, le groupe s’est formé à Gentilly (Ile-de-France). Petite pépite musicale donc, que l’on vous recommande fortement !
Cigarettes after Sex
On enchaîne ensuite avec les Américains du groupe Cigarettes after sex. Tout en simplicité, le chanteur accompagné d’un bassiste, d’un claviériste et d’un batteur, a envoûté les spectateurs assis devant la grande scène. Les yeux fermés, Greg Gonzalez a donné une performance d’ambient pop qui nous a emportés dans un état second. Sa voix androgyne est hypnotisante et leurs titres connus comme Apocalypse et Nothing’s Gonna Hurt You Baby ont capté l’attention des festivaliers pendant leur set d’une heure. Principalement des titres de leur premier album éponyme sorti en 2017 ont été joués, en addition avec un nouveau single sorti cette année intitulé Crush. Si les premiers titres installent l’ambiance planante et relaxante propre à leur musique, l’aspect répétitif des titres se fait également ressentir. Un concert à savourer assis dans un coin de la pelouse, avec sa bande d’amis.
King Gizzard and the Lizard Wizard
Sans transition après le show très calme de Cigarettes after Sex, les Australiens ont apporté le premier moment punk du festival sur la grande scène. La troupe jouait son dernier show en Europe et ça s’est senti. Survoltés, les musiciens ont suivi le sillage de Stu Mackenzie en jouant 15 titres tous plus énervés les uns que les autres de leur discographie pléthorique. Faut dire qu’en sortant 5 albums en une seule année (en 2017), ils ont de quoi choisir. Le public, enchanté de s’agiter, aura eu besoin de … deux secondes pour lancer le premier pogo, bien aidé par les acrobaties du leader. Si vous étiez présents, impossible de les avoir loupés, on les entendait partout sur le site du festival. Mention spéciale à Rattlesnakes, pour le côté hypnotisant de son refrain incantatoire et parce que la chanson nous fait penser à leur homologue anglais tout aussi déchaîné, Frank Carter and the Rattlesnakes.
Welshly arms
A 18h50 sur la scène Firestone, le groupe de blues rock américain Welshly Arms était présent et on peut dire que l’on n’était pas déçu ! Le chanteur Sam Getz a réussi à capturer l’attention du public avec sa voix puissante et son charisme. La foule très réceptive dansait et chantait notamment lors de leur chanson Legendary utilisée par Netflix pour le trailer de Sense8 ou encore par un film Den of Thieves. Welshly Arms était très intéressant à voir en live car les autres membres du groupe avaient une présence sur scène très impressionnante : on ne savait plus où regarder. On tient notamment à saluer les frères et sœurs Bri et Jon Bryant qui nous ont impressionnés avec leurs voix et leurs mouvements de danse que le public tentait d’imiter. C’est un set qui laisse un goût de trop peu mais si vous n’avez pas eu la chance de les voir ne vous inquiétez ! Ils reviennent jouer dans la capitale à la maroquinerie le 13 novembre prochain.
Insecure men
Insecure men à Rock en Seine était très tranquille. Les deux leaders du groupe Saul Adamczewski (Fat White Family) et Ben Romans-Hopcraft se partagent le chant sur un set très sage. Avec pas moins de 9 musiciens sur scène, on attendait un peu plus d’énergie et de folie de la part de ces derniers. Mais finalement le public comme le groupe a apprécié ce set de quarante minutes à l’ambiance très conviviale. Une foule qui écoute la musique allongée dans l’herbe et profite de cette ambiance reposante et très loin de celle de la grande scène du festival.
Liam Gallagher
C’est un contexte un peu particulier pour le retour du kid de Manchester à Rock en Seine. Le festival est le lieu de l’ultime dispute qui a mené à la fin du groupe Oasis. Certains fans blaguaient donc que Liam ne monterait pas sur scène, “à chaque fois que je vois Oasis ici, il se passe un truc” nous ont-ils confié. Finalement, il est venu, a chanté l’un des meilleurs concerts de cette (ces?) année(s), a même blagué à propos de la dispute de 2009 et nous a tous fait vibrer. Certes, on aurait aimé un peu plus de titres de son propre album solo, plutôt réussi, « As you Were » sorti l’année dernière et une guitare plus mordante, mais impossible de bouder le plaisir de reprendre en choeur avec le reste de la foule dix classiques d’Oasis. Ce soir-là, Liam était bien là, sur scène, en avait envie et on en a bien profité. Il a même esquissé un geste vers son frère Noel en lui dédiant Champagne Supernova (jusqu’au prochain épisode sur twitter).
The Regrettes
On attaque cette troisième journée en allant jeter un coup d’oeil du côté de la scène de la Cascade. Le punk-rock californien du trio féminin et du batteur de The Regrettes a entamé de la meilleure des manière cette dernière journée. Beaucoup d’énergie et de bonne humeur, des guitares à fond les amplis et une bonne dose d’hymnes féministes. Leur premier album « Feel Your Feelings Foul! » est une belle découverte musicale de l’année dernière. Les versions live de Hey Now, A Living Human Girl et Red Light sont parfaites. Elles ont en prime offert deux nouveaux morceaux et une superbe reprise de Killing in the Name de Rage against The Machine. Que demander de plus pour démarrer cette journée ?
Moons
Cette année, Rock en Seine a accueilli des groupes lycéens ayant remporté un tremplin. Nous sommes allés voir Moons sur la scène Ile de France dimanche. Composé de Nicolas Stefanović (chant – guitare), Martin Bénati (batterie – chant) et Gaspard Louët (claviers), ce trio jazz pop nous a beaucoup intrigué avec la bonne publicité dont il a bénéficié sur les réseaux sociaux.
Je vous conseille fortement d’aller voir le groupe MOONS, Dimanche 26 août a 17h30 sur la scène île de france. Ça va déchirer !!! #RockEnSeine #moonstrio sur Facebook pic.twitter.com/Csl9iq80ta
— Prinzmetal (@GrandMasterGras) 25 août 2018
Malgré le fait que les lumières et le son de la scène Ile de France n’étaient pas les meilleures : Moons a enchaîné son show d’une quinzaine de minutes avec brio. Un set préparé et que le public a beaucoup applaudi – pendant une très grande partie du concert. On retiendra notamment leur deuxième chanson Friend. On attend d’en découvrir plus de ce groupe prometteur !
Wolf Alice
Retour sur la grande scène pour le concert de la révélation rock indé version anglaise de ces deux dernières années. Wolf Alice a attiré de nombreux regards en 2017 après avoir sorti le très réussi « Visions of a Life ». On avait vu le groupe au Download Festival cette année, et le show ne nous avait pas complètement convaincus. Si la technique musicale et vocale était impeccable, il manquait un supplément d’âme et de communication pour emporter la foule, pourtant très disponible. Cette foi-ci, le rendez-vous n’a pas été manqué. Donnant un concert équilibré et élégant entre rock (Yuk Foo) et sensibilité (Silk), les britanniques ont assuré. Avec une setlist partagée entre « Visions of Life » et « My Love is Cool », il y en avait pour tous les goûts. La vraie vedette du show aura bien entendu été le bassiste, toujours aussi remuant et habité sur scène.
IDLES
Pour cette édition 2018, il manquait encore un bon concert du type “foutoir à l’anglaise”. IDLES s’est assuré de rectifier cela. Le groupe de Bristol a retourné la scène de la cascade avec un punk bien énervé. Un pogo s’est encore une fois formé dès les premières notes de guitare, accompagnant les singeries des deux guitaristes – qui ont d’ailleurs fini dans la foule – et du chanteur sur scène. Actuellement en tournée pour défendre leur dernier album « Joy As an act of Resistance », ils ont pourtant joué surtout des titres de leur précédent album « Brutalism ». Les Anglais ont apporté une bonne dose de folie libératrice à cette journée très rock et anglo-saxonne. Un exutoire très bien venu.
Macklemore
Que dire du show du rappeur américain : la performance fut complète (la musique, mais aussi les visuels, la pyrotechnie, les costumes et la chorégraphie), généreuse et incroyablement léchée. Pas un seul temps mort n’est venu interrompre les chansons de Gemini, The Heist et autres reprises. Macklemore aime Paris (“sa ville préférée en Europe”, paraît-il) et Paris le lui rend bien. Son concert a amené la meilleure ambiance du week-end, grâce à un public sautant et criant comme un seul homme. Le rappeur a beaucoup couru d’un côté à l’autre de la scène et dansé avec ses musiciens et danseuses tout en délivrant ses incontournables comme Fire Breather, Ain’t Die Tonight, Same Love, Can’t Hold Us, Thrift Shop et Glorious. Sa jeune fille a fait une courte apparition sur scène sur Glorious, faisant totalement craquer le public. Pour sa dernière date européenne de sa tournée, Ben Haggerty a tout donné sur scène. On le remercie forcément pour avoir apporté une énergie et une ambiance que l’on attendait depuis le début.
Finalement, malgré une fréquentation plus faible (90 000 festivaliers sur tout le week-end) et une ambiance pas toujours très survoltée, l’édition 2018 restera comme un bon cru dans nos mémoires. Nous y avons fait de très belles découvertes: The Orielles, Theo Lawrence and The Hearts, The Regrettes, Welshly Arms, Moons, … Nous y avons vu des stars montantes de la scène rock : IDLES, Wolf Alice, … Et certaines des têtes d’affiche ont assuré un show impressionnant, comme Macklemore, Liam Gallagher, Justice ou encore Die Antwoord. On l’avoue, les shows de Thirty Seconds to Mars et surtout du duo PNL ne nous auront pas convaincus. C’est surtout le cas pour ces derniers, dont la position de tête d’affiche reste à nos yeux discutable.
En tout cas, c’est avec toujours autant de plaisir que l’on a arpenté les allées boisées du parc, et l’on espère revenir l’année prochaine pour une édition encore plus folle. Un grand Merci à l’équipe de l’agence Ephelide pour son accueil impeccable. Deux interviews (de The Orielles et Moons) sortiront très bientôt sur Indiepoprock.fr. Restez à l’affût !