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Dès les premières notes, Wall Of Death plonge la Laiterie dans les méandres vaporeux des seventies, ambiance UFO (fumées et lampes à huile en moins). Ce trio parisien formé en 2010 puise ses racines hallucinogènes dans les grandes références du psychédélisme.
Gabriel Matringe transporte la salle avec son chant évanescent, quasi incantatoire, chargé d’autant de mélancolie que de reverb. Les titres sont longs, spaciaux, envoûtants. Farfisa sur cabine Leslie (qui mériterait un peu plus de présence tout de même), rhodes, guitare à 12 cordes, reverb assumée, Wall of death soigne son côté vintage et ses sonorités trippées (le splendide Away, transcendé par sa longue montée de guitare, le chamanique Believe me or not). Quelques changements de tempos (Darker than black, le floydien Tears of Rainbows) et grosses attaques de guitares (le lourd Marble Blues) sortent le public de sa léthargie et soulignent l’intelligence des compos de ce groupe, soutenu par les Black Angels et Born Bad Records. Si leur premier album Main Obsession impressionne par sa maturité et sa qualité d’enregistrement, les titres prennent toute leur dimension sur scène, servis par un son épais et des lumières minimalistes. Wall of death fait la première partie de la tournée d’Hanni El Khatib et on ne peut que remercier le californien de ce choix qui met en lumière une brillante formation française dont on attend le second album en 2014.
Côté première partie, Hanni El Khatib s’est chargé des trois Bercy de Johnny Halliday en juin denier. Certes, les deux n’ont pas grand chose à voir mais, rappelons qu’en 1966, Johnny avait confié sa première partie à un guitariste alors inconnu, un certain Jimi Hendrix. Souhaitons le même succès (sans la fin tragique bien sûr) au guitariste de San Francisco. Son dernier album Head in the Dirt, produit par Dan Auerbach (Black Keys), porté par quelques tubes entêtants, l’ont fait connaitre en Europe et lui offre une belle tourne. La salle est quasi comble ce soir.
Son brut, guitares saturées, rythmique musclée, Hanni El Khatib réconcilie rockabilly, blues et garage avec ses titres puissants, chargés de riffs teigneux et de ponts ravageurs. Tatouages, gomina, chemise en jeans, le guitariste soigne son image de bad boy style années 50. Image renforcée par le visuel à tête de mort affiché en fond de scène.. dont le show se passerait bien. Car le rock d’Hanni n’a pas besoin de fioritures ; son sens est dans l’énergie, la spontanéité, le volume. Les tubes (Penny, Skinny little girl, Family) enflamment vite le public et libèrent le groupe qui joue pied au plancher. Les quelques touches de claviers ne suffisent à calmer la fosse qui exulte au rythme du médiator et reprend les chœurs… Le son monte encore, les enceintes toussent, El Khatib termine sur une envolée garage bien foutraque et sans appel.
Hanni El Khatib dit qu’il compose ses chansons pour ceux qui se sont fait tirer dessus ou sont passés sous un train… Le concert s’achève au moment même où la police interpelle le tireur fou de La Défense. Les intéressés apprécieront… C’est ça le rock !
Crédit photo : Nicolas Laroudie