Soirée Indie Rock
Perchée au-dessus d?une ancienne voix ferrée, terrée dans une gare abandonnée, menacée plusieurs fois de fermeture et téméraire survivante, la Flèche d?Or tente de s?imposer comme le vivier parisien du rock indé et organise régulièrement des soirées Indie Rock, qui ont le bon goût d?être gratuites. A la veille de la Fête de la Musique, il fait bon y prendre la température pour un préchauffage des tympans, sorte de before au déluge sonore annuel.
Et pour ce qui est de déluge sonore, les Los Calaveras s?y connaissent. Ce quatuor parisien balance un rock aux fortes hormones seventies, où les riffs stoniens cotoient l?arrogance stoogienne. Guitares aiguisées, fuzz lancinants, rythmiques diaboliques, chanteur déluré aux déhanchements de Monkey Man, les Los Calaveras ne font pas dans la demi-mesure et savent mener le public où ils veulent, guidés par des compositions à énergie variable, brutes et sans appel. Les titres de « Slow Down », premier EP du groupe sont taillés pour la scène et évoluent selon les envies, sans jamais perdre en cohésion et virulence. La scène semble trop étriquée pour contenir l?énergie du jeune chanteur déchaîné et son guitariste fin limier qui ne rechigne devant aucun effort. Une prestation remarquable, du pur jus rock?n?roll.
Dans un registre un peu plus britpop, les Bishop Invaders dévoilent sur scène les compos de leur deuxième opus « Tide » sorti récemment. De montées de guitares progressives aux refrains explosifs, les morceaux ont un fort accent d?Outre-Manche et rappellent sans honte la jeunesse de Blur. Malgré quelques problèmes de sons qui empêchent parfois d?apprécier la prestation, le combo défend plutôt bien ses titres sur scène, dans une bonne humeur et une énergie communicative. Les morceaux de « Kylie?s Heroes » sont joués ce soir de façon un peu plus rock, comme si les Bishop tentaient de s?éloigner un peu de l’image pop band de leur début, notamment sur One Time, ballade au clavier pop, qui laisse ce soir plus de place aux parties de guitares et prend quelques speeds. Final sur l?hymne du groupe, le jouissif Rock Crusader emmène tout sur son passage? le public et les Los Calaveras avec.
Les anglais de The Hands ont fait spécialement le déplacement de Londres pour cette soirée et auraient certainement mérité un public un peu plus important. Mais, c?est toujours ainsi à Paris ; plus on joue proche de la fermeture des métros, plus la salle est clairsemée. Au moins, le public présent est composé de fans qui acclament le groupe et reprennent les titres. Le groupe distille des mélodies pop gracieuses, bien construites et plutôt séduisantes. La voix de Rob Marr et les notes cristallines de son clavier Rhodes créent l?ambiance intimiste indispensable aux ballades de The Hands. Ces quatre dandys passent allégrement des comptines folk (la ritournelle Safety Pins) à des ambiances plus rock sixties, avec une aisance remarquable. Un set frais aux allures de rendez-vous entre amis.