Saltland, alias Rebecca Foon à la ville, ajoute une inquiétante mais éclatante seconde pierre à son édifice...

Il est de ces albums qui ne nous quittent plus, comme profondément imprégnés dans la chair. Ces recueils qui, une fois leurs charmes apprivoisés, foudroient coeur et âme quelles que soient les humeurs et saisons. Le premier album de Saltland édité il y a quatre ans, « I Thought It Was Us But It Was All Of Us », est passé relativement inaperçu malgré les éminentes références de sa bienfaitrice Rebecca Foon, violoncelliste et membre de Thee Silver Mt. Zion et Esmerine. Néanmoins, ce premier tour de passe, d’une intensité somptueuse et décomplexée, a assurément gagné sa place parmi les meilleures sorties du label Constellation de ces cinq dernières années, et peut-être même des discothèques des amateurs avertis de néo-classique.

Il n’en fallait guère plus pour scruter le moindre signe de la Canadienne, suspendu aux interrogations du réel avenir dudit side-project. Pugnacité oblige, la belle poursuit son chemin avec, pour ce deuxième opus, les contributions à la production de Jace Lasek (The Besnard Lakes) et de Warren Ellis (Nick Cave & The Bad Seeds) côté instruments, tout en déployant dans son contenu un manifeste sonore à propos des changements climatiques, des impacts néfastes de l’homme sur l’environnement et des tentatives d’éveil, souvent vaines, de la conscience collective.

Impliquée dans diverses associations œuvrant pour le développement durable, Beckie Foon allie brillamment ses inspirations à ses luttes, marquées par l’atmosphère nébuleuse mais assurée du titre Under My Skin. Surtout, telles d’inabordables lueurs dans l’obscurité, l’album se distingue autant par son alarmisme ambiant et ses fragments tourmentées (To Allow Us All To Breathe, Light Of Mercy, This Other Place…) qu’avec ses espérances délicatement obsessionnelles d’un monde immaculé (I Only Wish This For You, Forward Eyes I et II…), parfaitement imagée par le diamant dont il ne manque que pureté pour resplendir. Cette vague émotionnelle, où se confondent désarroi et attentes, se lie à la beauté de compositions aux enveloppes organiques captivantes, influençant l’intrigue avec douceur et docilité au lieu d’en forcir les inquiétudes. Le message, lui, est établi de tous, et cette vérité commune transmise avec tant d’élégance ne peut que raviver l’espoir et attiser les esprits…

 

• Publication 1 193 vues3 avril 2017
• Tags SaltlandConstellation
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