The New Year

« The End is Near » aurait été le cinquième album des frères Kadane sous le nom Bedhead, mais suite à leur split en 98, « The newness end » devient le premier album de The New Year. Ce deuxième opus déballe une musique folk morose mais faussement apaisante; la musique des deux frères donne dans la lenteur, la lassitude, comme un désespoir controlé : quelques notes éparses de guitare suffisent pour que la mélancolie et l?amertume s?abattent sur l?auditeur.

« The End is not near », piano à l?appui, ouvre le disque magnifiquement. Le schéma mélodique de l’album s’il a beau être connu, fonctionne bien. Le groupe poursuit des constructions calme/tension/explosion qu’on a déjà entendues bien des fois, mais il y a toujours ce petit quelque chose en plus comme sur « Age of Conceit » où la voix incertaine de Kadane fait toute la différence.

« Chinese handcuffs » et « Plan B », avec une progression semi-bruitiste, laissent percer une tension plus palpable que sur le reste des enregistrements. Le disque exprime une souffrance indigeste, il accumule les regrets. « 18 », titre le plus long de l’album, organise un défilé de guitares délicates sous le joug de vagues légèrement noisy soutenues par un jeu de batterie très lent.

Aéré et baignant dans le spleen, le très beau « Stranger to kindness », referme une plaie qui cicatrise mal.

La grande qualité de l’album réside peut être dans cette volonté de rester dans la pénombre : des tempos lents, une voix qui murmure plus qu’autre chose, on pourrait presque voir la musique de Bedhead comme une musique de fainéants. Mais c’est justement cette humilité dans la façon de jouer qui nous charme.

Bénéficiant d?une meilleure distribution que Bedhead, The New year devrait rencontrer un succès plus important, et donner des idées aux curieux : revenir en arrière et se replonger dans une discographie intéressante.