"> Zone Libre - Zone Libre Polyurbaine - Indiepoprock

Zone Libre Polyurbaine


Un album de sorti en chez .

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Émulation, intégrité, exploration, la zone libre enfante quelque chose d'à part.

Vous ne trouverez pas ici de présentation du background de chaque intervenant de Zone Libre Polyurbaine comme la facilité nous y pousserait. C’est un parti pris pour rendre compte de la forte identité du quatuor, réussissant, encore une fois, là où beaucoup ont échoué, à marier rap et rock, cette quête qui bien souvent nous a offert des productions vulgaires et sans intérêt. Encore une fois, oui, parce que zone libre n’en est pas à son premier méfait, puisque trois albums en compagnie notamment de la rappeuse française Casey ont précédé ce Zone Libre Polyurbaine. Pour ce quatrième opus, les rappeurs sont Marc Nammour (franco libanais) et Mike Ladd (Américain) très orientés spoken-words. Au-delà des visions artistiques, ce qui rapproche tout ce petit monde, c’est le choix de l’auto-production et la démarche indépendante viscéralement ancrée à la peau…

Nous recommandons chaudement la version live qui, peut-être, dans peu de temps, se déroulera près de chez vous

Zone Libre Polyurbaine : l’album

Dans chacun des neufs titres qui font l’album sont déclamés des textes bilingues forts et acides. A tendance noir, il respire tout de même un espoir lié aux racines (La Montagne) ou au refus de la soumission (Je Suis). Je Suis poussera d’ailleurs les rythmiques funky à la James Brown à son apogée. En dehors de ces titres, beaucoup de dégoût, d’écœurement et de fin d’insouciance transpirent des mots qui s’écoulent sur fond de loops de guitares et de percussions rappelant free-rock, afro-beat ou funk.

L’album fait notamment la part belle aux instruments, laissant de longues plages d’expression libre aux guitariste et batteur. C’est entre autre dans ces moments que l’on perçoit une partie du talent de Serge Teyssot-Gay. Nombre d’entre nous sont vites lassés des solos de guitare interminables, bien souvent désincarnés et mal intégrés à leur titres. Eh bien force est de constater que le Sergio, connu en d’autres temps pour son sens du riff rageur, s’éclate en nous livrant des solos qui semblent réellement raconter quelque chose, qui vous prennent aux tripes et vous emportent. De plus, les deux compères ont réussi un réel exploit de composition qui consiste à faire vivre et magnifier le flow de leurs chanteurs en gardant la puissance directe du rock, tout en appuyant les rythmiques syncopées.

Deux titres nous aurons particulièrement marqués : ils sont longs, 8min55 et 14min56, 23 minutes dont une démarche plus mainstream nous aurait certainement privés. Crackometti et Garde-Fou racontent la vie de quartier, l’évolution des choses et le regard dépité de son enfant qui s’en est sorti (résumé bien schématique, il vous faut vous y plonger). Ce qui frappe dans ces deux titres, c’est l’alchimie exacerbée entre le francophone et l’anglophone qui se répondent avec leurs flows respectifs, magnifiquement complémentaires. Cette complémentarité, cette unité est présente, sans aucun doute grâce au jeu tout en délicatesse et en classe des musiciens. Cette espèce de pureté qui progressivement monte en puissance pour exploser comme une jouissance auditive, une sensation assez proche des meilleurs Mogwaï avec moins de grandiloquence mais des sentiments plus directs.

Ces artistes se sont trouvés pour notre plus grand plaisir et nous livrent neuf titres novateurs, denses, acides et franchement efficaces. Mais ça ressemble à du punk tout ça, non ? Oui la démarche nous y fait penser, clairement. Entre métissage et vision artistique ambitieuse, sans concessions, ce Zone Libre Polyurbaine se place très haut sur les cimes de notre discothèque 2015.

Pour le plaisir, un exemple de Zone Libre et Marc Nammour sur un texte d’Aimé Césaire:

Zone Libre Polyurbaine : le live

Petits veinard que nous sommes, Caennais de notre état, ce soir du 5 novembre au Big Band Café, nous participons au lancement de la tournée de Zone Libre Polyurbaine. Un an plus tôt, nous avions déjà été frappés par la performance de la première mouture, Zone libre Extended au festival Beauregard. Forts de notre première rencontre, et de l’écoute de l’album, il n’aura pas fallu longtemps pour nous motiver à nous rendre à la salle de concert…

Les premiers instants ont consisté à échanger avec un Marc Nammour et un Serge Teyssot-Gay présents au milieu du public, avenants, simples et accessibles à l’image de la démarche humaine qu’ils insufflent à leur production. Le groupe va dérouler son album dans l’ordre chronologique, sans fioritures. Mais c’est bien loin d’un set robotique de reproduction de l’effort studio que les quatre bonhommes vont évoluer. Bourrés d’énergie et s’appuyant sur un charisme réellement magnétique, notamment Marc Nammour, les artistes associés vont se lancer corps et âme, intègres à l’extrême, livrant leur tripes, jamais vulgaires mais furieusement honnêtes.

Aussi, la partie instrumentale prend encore une autre dimension sur scène, tant sur les montées en puissance que sur la mise en exergue des textes. En retrait sur la scène, derrière les fous habités au chant, semble être leur environnement de prédilection, mais les deux « timides » se livrent de la même manière. D’ailleurs l’aspect « conteur » des solos de Serge Teyssot-Gay est d’autant plus prégnant.

L’album est une merveille, le live est un instant hors du temps, qui par son côté éphémère se trouve être la meilleure façon d’accéder à la vérité intime, charnelle, en un mot, humaine de ce projet.

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