"> - Indiepoprock

Le petit monde de la pop était en ébullition depuis quelques temps. Depuis que l?on savait que Sigur Rós allait se produire avec un orchestre sur scène pour rendre hommage aux dieux scandinaves? C?est donc nombreux que le public s?est déplacé ce soir pour découvrir cette expérience placée dans le cadre de Islande de glace et de feu, une quinzaine culturelle islandaise.

On peut penser que, nombreux également, ont été les spectateurs surpris devant ce concert, tant la prestation de Sigur Rós fut éloignée de ses créations habituelles. Et pour cause, il s?agit en fait d?une collaboration avec Hilmar Örn Hilmarsson, avec lequel le groupe a déjà travaillé (notamment sur la bande-originale du film de Fridrik Thor Fridriksson, « Angels of the Universe »), le poète et chanteur Steindór Andersen, María Huld Markan Sigfúsdóttir ainsi qu?une équipe de vidéastes, tous réunis sous le patronyme des Hrafnagaldurs Performers.

On ne devrait pourtant pas s?en étonner lorsque l?on connaît l?attachement du groupe à son identité islandaise et celle de Hilmarsson au patrimoine culturel de son pays (littérature, contes, croyances dans l?occulte et l?invisible). Cette fine équipe est, pour l?occasion, accompagnée par un ch?ur mixte d?une vingtaine de personnes, La Schola Cantorum, ainsi que par l?Orchestre des Lauréats du CNSM de Paris.

Cet ensemble célèbre la rencontre entre musique traditionnelle islandaise, musique contemporaine et musiques actuelles (post-rock, electronica) dans l?illustration d?une vieille saga islandaise. Odin?s Raven Magic est un poème oublié d?un recueil de contes et de mythologies nordiques, l?Edda, tout d?abord transmis oralement puis collectés au XIIe et XIIIe siècles pour être enfin retranscrits au XVIIe par des érudits danois. Il est consacré à Odin, principal dieu de la mythologie nordique, dieu de la guerre, de l?écriture runique et de la poésie. C?est également un chaman.

Les musiciens et chanteurs, sous la direction de Árni Hardarson, interprètent l??uvre proposée, étant tour à tour mis en avant. Steindór Andersen fait office de conteur (en islandais dans le texte et sans sous-titres?). Les membres de Sigur Rós, quant à eux, sont finalement relativement peu devant leurs instruments de prédilection (guitare+archet, basse, batterie?), les délaissant pour quelques machines et surtout un immense lithophone, sorte de marimba en pierres, dans leur forme naturelle ?intouchée?, sur lequel ils se retrouvent parfois à quatre délivrant alors d?atypiques et ancestrales sonorités? La voix de Jón Thór Birgisson, vient parfois se poser tel un oiseau au sommet de cette pyramide musicale, comme pour sublimer l?ensemble et nous rappeler ce qui nous fait frissonner à l?écoute de son groupe.

Sur l?écran géant placé derrière l?orchestre, apparaît en noir et blanc, le vol décomposé d?un corbeau, ralenti et haché, l?un des animaux qui symbolise le dieu. Le traitement de l?image, minimal, est intéressant. Malheureusement le peu d?évolution de celle-ci donne un sentiment de longueur.

C?est d?ailleurs ce que l?on pourrait reprocher à cette création. Si l?ensemble est riche et soigné, on peut regretter que certaines parties soit étirées, un peu à l?envie, sans que les variations soient particulièrement perceptibles. Mais tout cela est effacé par une gigantesque montée en apothéose, tout à fait GodSpeedienne. Belle réussite et un franc succès, le public ne s?y trompe pas, applaudissant debout à tout rompre !

Chroniqueur
  • Publication 244 vues28 septembre 2004
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