On a aussi écouté Kid Loco – Concrete Islands, Lies & Vanités
Légende – le mot n’est pas usurpé – d’une scène française alternative puis électro, Kid Loco avait déjà manifesté sa passion pour une musique organique, celle notamment des années 60 ; délaissant l’univers ultra technologique d’une french touch conquérante, pour un hommage somptueux à des influences rock et soul.
« Concrete Islands, Lies & Vanités » se reconnecte aux ambiances trip hop de son sublime « A Grand Love Story » , comme si l’époque se prêtait à ces méandres inquiets ; musique à la mélancolie tenace, mais à la beauté envoûtante. On peut voir ce nouvel album comme le disque d’un effondrement, d’une hyper urbanité source inépuisable d’inspiration, mais si épuisante par ailleurs. De ces ambivalences, Kid Loco a fait un grand disque, où l’on retrouve intacte toute la saveur toxique et addictive d’une musique poignante, désespérée mais tellement séduisante.
Royalement entouré, Kid Loco distille des doses puissantes et enivrantes de groove. Traversé de basses énormes, l’album rappelle furieusement les géniaux Tristesse Contemporaine, partageant avec eux cet art de mêler l’ombre à la lumière, la danse à l’effroi.
Kid Loco capte ainsi toute les failles de cette époque qui s’est brutalement obscurcie, sans pour autant céder à la noirceur intégrale. A la violence, il oppose une certaine sensualité, un lien viscéral à la vie, le contraire de la destruction intime et collective en somme.
Sa musique résonne d’échappées ensorcellantes, de constats amers détournés au profit d’une créativité enthousiasmante. Breakbeat et reggae se mêlent comme jamais, rappelant la puissance du cosmopolitisme. L’extraordinaire creuset culturel qui sont les métropoles, comme l’antidote aux conflits, au matérialisme ravageur.