On a aussi écouté Mendelson – Le Dernier Album

On a tout écrit sur Mendelson. L’évidente et définitive importance d’une formation qui a traversé plusieurs décennies en signant l’un des répertoires contemporains les plus époustouflants qui soit. Impossible de résumer en quelques mots ce que peut représenter Mendelson, de sa somptueuse musique, noire à pleurer, de ses mots à la poésie prodigieuse et brutale. D’un parcours dont l’intégrité et la force artistique est probablement unique en France.

Avec son « Dernier Album », Pascal Bouaziz parvient encore, et toujours, à élever, à soulever son univers. Bien davantage qu’un dernier tour de piste, ce disque est sûrement la quintessence totale de son regard, de sa vision.

Mendelson y déploie une musique absolument renversante, bruitiste et minimale, rappelant tour à tour le génie de Colin Stetson, le post-rock de Godspeed You! Black Emperor, la sobriété de Tindersticks et la grâce de Vic Chesnutt. Mais cela ne dit rien de la singularité d’un disque qui n’a pas d’équivalent dans sa capacité à dérouler une musique qui tutoie les sommets du free-jazz, du rock indé. Là encore, les cloisons et classements n’ont que peu d’importance.

Dernier disque comme un effondrement, une pensée blessée, dont la lucidité fait mal, mais éclaire aussi. Un dernier disque dont la beauté irradie, au point de ne pas laisser indemne. Tous les sujets qu’aborde Mendelson ici sont d’une frontalité saisissante, d’une froide mais bouleversante introspection.

Une œuvre musicale et littéraire, qui laisse sans voix, tout entier habité, longtemps après l’écoute, par sa puissance biographique. Un monument.