La moitié évincée de Crystal castles revient aux affaires en solo.
Après Ethan Kath l’an dernier, celle qui fut sa partenaire sur les trois premiers albums de Crystal castles revient sous son nom propre pour un premier EP depuis la séparation du duo en 2014. Pour elle, la tâche s’annonçait plus ardue que pour son ancien comparse car, si « Amnesty I », l’album de Crystal castles sans Alice Glass paru en 2016 a démontré que, contrairement à ce qu’Ethan Kath aurait voulu nous faire croire, Alice n’était pas qu’une faire-valoir juste bonne à poser quelques vocaux incendiaires sur ses compositions, celui-ci, restant « dépositaire » du nom Crystal castles, pouvait se reposer sur les bases installées par le duo sur ses trois premiers albums, ce dont il ne s’est d’ailleurs pas privé. En revanche, pour les innovations, on pouvait repasser.
Alice Glass allait-elle démontrer que le moteur de l’évolution du duo, c’était elle ? Dire que les dix-huit minutes de ce EP six titres y répondent serait exagéré. Le constat serait plutôt qu’Alice Glass se place à la fois dans une démarche qui rejoint celle qu’a pu connaitre le duo sur ses trois albums ensemble, qu’elle s’en émancipe parfois et pâtit à d’autres de l’absence de son comparse. Elle rejoint la démarche en démontrant, comme à l’époque des second et troisième album de Crystal castles, qu’en tant que chanteuse, elle a un bagage plus large que celui de « brailleuse de talent » qu’on aurait voulu lui coller après le premier album, et son chant toujours en verve s’exprime sur Without Love, White Lies, ou avec plus d’émotion sur The Altar. Elle s’en émancipe quand elle se lance dans des titres plus posés, plus ouvertement electro pop que ce que proposait Crystal castles, notamment sur Forgiveness ou White Lies. Ces titres brillent d’ailleurs par une fibre indéniablement accrocheuse, la réserve étant que la bascule vers le trop sirupeux n’est pas loin.
A d’autres moments, Alice Glass retrouve une saine colère, un chant primitif et des accents electro punk salutaires, mais c’est là que son comparse lui manque : difficile en effet de ne pas imaginer, comme sur l’ensemble de cet EP d’ailleurs, qu’Ethan Kath aurait fait preuve de davantage d’imagination ou de radicalité pour dénicher des sonorités binaires sans manquer d’audace qui auraient donné un autre éclat au heurté Natural Selection. Bref, une fois encore, le refrain connu de l’émulation engendrée par la rencontre de deux personnalités qui disparait, ou au minimum s’étiole, quand celles-ci se mettent à voguer chacune de leur côté peut resservir. A ce stade, pour Alice Glass comme pour Ethan Kath, tout reste encore possible. Mais tout reste aussi à écrire.
- Publication 1 207 vues26 août 2017
- Tags Alice GlassLoma Vista
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